Fonctions du théâtre :
- Fonction religieuse :
- mystères du Moyen Age (joués sur le parvis des églises : retrace la vie des saints)
- Fonction morale
- divertissement
- « castigat ridendo mores » (la comédie corrige les mœurs en faisant rire).
- Théâtre de Molière, Beaumarchais
- Catharsis de la tragédie : purifier le spectateur de ses passions destructrices au moyen de leur représentation sur scène.
- Théâtre et engagement
- Aristophane chez les Anciens critiquait sévèrement les comportements politiques des Athéniens.
- Le théâtre des Lumières vise à une dénonciation sociale et politique. (ex. l’attaque d’Almaviva et de la condition aristocratique qu’il représente par Figaro ; de l’ordre masculin par Suzane, la Comtesse et surtout Marceline, etc.)
- Le XXe qui reprend les modèles antiques (Antigone – les Atrides) pour aborder des problématiques politiques pendant l’occupation ou des réflexions philosophiques (avec l’existentialisme, le théâtre de l’absurde).
- Théâtre et miroir social
- le théâtre donne une image de la société plus ancré dans la réalité que le roman par son texte et surtout par sa mise en scène vivante, il témoigne des préoccupations historiques et sociales.
- Il est le produit de la société et la reflète en même temps en divertissant, en alliant le rire et le charme du spectacle : il s’agit de sa fonction magique. Le théâtre est le lieu de l’affrontement (le nœud, le conflit) qui transcende l’histoire et l’époque et transforment les personnages en archétypes (Harpagon représente tous les avares, Tartuffe tous les faux dévots, etc.) …
- Le théâtre comme dans l’antiquité, mais cette fois d’une manière profane (contraire de religieux) vise à toucher, plaire et faire réfléchir aux situations de la vie et à la condition de l’homme.
Ex. Dissertations consacrées aux différentes fonctions et aux rôles du théâtre.
Le théâtre ne se borne-t-il qu'à être le miroir actuel de notre société ? (sous entendu : Peut-on y trouver des valeurs universelles ?)
Extrait:
Le contexte historique et culturel a toujours une influence sur l'auteur. Ecrit à une époque donnée, le théâtre tend à la société de son temps grâce aux dramaturges une vision de ce qu'elle est.
Premièrement, la pièce reflète, intentionnellement ou non, la société de son temps. Les comédies de Molière sont des comédies de mœurs qui dépeignent avec humour les vices du XVIIe (...)
I) Le contexte histoire et culturel demeure prépondérant
A. Une société précise à chaque fois reflétée
- théâtre antique et démocratie
- l'histoire anglaise dans Shakespeare
- la société du XVIIe dans les pièces de Molière
- les valeurs aristocratiques reflétées dans Le Cid de Corneille
- les enjeux politiques du XXe siècle dans les pièces de Sartre
- etc.
B. Le rôle de l'auteur dans sa société
- les combats personnels de Molière contre les médecins.
- ceux de Beaumarchais contre le système judiciaire dont il a été la victime toute sa vie
- la philosophie et l’engagement politique de Sartre mis en scène dans son théâtre
- le travail sur le langage dans le théâtre de Sarraute (Pour un oui pour un non)
C. Le théâtre engagé : exemples
- Beaumarchais : combat contre les privilèges, la société aristocratique, etc.
- Sartre : réflexion sur l'engagement politique (Les Mouches) = théâtre de situation.
- Ionesco : combat contre le fanatisme, le totalitarisme (Rhinocéros)
II) Mais le théâtre contient en lui-même des caractéristiques intemporelles inexplicables par le contexte historique
A. Des caractères atemporels : les tragédies antiques ou classiques s'adressent à tous les hommes ... l'absurdité de la condition humaine dépasse les questions propres au XXe siècle dans les pièces de Beckett (En attendant Godot, etc.) ou de Ionesco.
B. La parole propre au théâtre : des thèmes universels : ex. l'amour contrarié chez Shakespeare, Molière, Beaumarchais, etc. Le monde comme théâtre : Shakespeare, Corneille (L'Illusion comique) ou Calderon (La vie est un songe) ...
C. Le texte théâtral : une rencontre entre un texte et des acteurs pour un public selon des choix de mise en scène (spécifique à l'art dramatique)
Le sens, les significations du théâtre restent ouverts aux représentations, à l'interprétation : évoquer des ex. de mise en scène qui proposent un regard nouveau sur le texte : l'ouvre à des significations auxquelles nous n'avions pas songé ... en proposent même plusieurs à la fois, etc. Cf. théâtre et représentation ...
Autre sujet sur le théâtre qui rappelle les fonctions du théâtre :
Le théâtre est-il selon vous une bonne tribune possible pour défendre des idées ?
I. Le théâtre est un phénomène social, un art public et collectif qui se prête au débat d’idées.
1. Le dialogue théâtral se prête au débat d’idées.
Importance du dialogue argumentatif, forme vivante, héritière du dialogue philosophique. Analyse des scènes du corpus. Les élèves peuvent faire allusion aux scènes argumentatives chez Molière où chaque personnage défend sa thèse : blâme du comportement de la jeunesse par Harpagon, éloge (feint et intéressé) d’Harpagon par Frosine. Dénonciation de Bérenger par Jean au nom d’une norme qui est à ses yeux indiscutable et qu’il est honteux de ne pas respecter. Réflexion philosophique sur l’homme par le biais d’un discours et d’une gestuelle prosaïque entre Vladimir et Estragon.
2. La double énonciation théâtrale.
Les idées s'incarnent dans des personnages. Le texte théâtral est principalement constitué de dialogues, mais les personnages s’adressent autant, sinon davantage, au public qu’aux autres protagonistes. Le public est interpellé, sommé de juger les situations, les discours et les comportements. Par exemple, à travers le ton scandalisé de Jean qui semble parler au nom de tous, au nom de la société et de ses valeurs. Les jeux de scène sont à interpréter par le public, particulièrement le jeu de Vladimir avec son chapeau qui ne semble même pas être remarqué par Estragon. De même l’exhibition d’Harpagon par Frosine « tournez-vous un peu » comme un animal de foire et clairement adressé à un témoin qui est ici le public invité à rire de la vanité d’un vieillard dupé.
3. L’action théâtrale repose sur le conflit et la crise.
Les conflits et les crises mis en scène reflètent les conflits et les crises de la société. Par exemple, le conflit entre le héros aristocrate et le pouvoir royal dans le théâtre de Corneille ; ou encore les conflits entre le maître et le valet de Molière (Scapin ou ici Frosine qui doit ruser pour obtenir l’argent qui lui manque) à Hugo (Ruy Blas) sans oublier, naturellement, le théâtre de Beaumarchais.
II. Le théâtre est une tribune efficace mais risquée. (voir autre 2e partie possible ci-dessous).
1. Le théâtre permet de dénoncer les injustices sociales.
Marceline et la question des femmes dans Le mariage de Figaro. Le monologue de Figaro qui pose le problème des privilèges de la naissance.
2. Le théâtre permet de poser des problèmes politiques.
Le théâtre d’Aimé Césaire qui dénonce le colonialisme ou celui de Genet.
Les Mains sales de Sartre qui montre les contradictions du parti communiste.
Tartuffe de Molière qui dénonce le pouvoir de la compagnie du Saint Sacrement.
3. Le théâtre s’expose à la censure et au malentendu.
Censure contre Molière, Genet. Interprétations diverses de l’Antigone d’Anouilh ; le dramaturge est-il pour Créon ou Antigone ? Ne commet-on pas des erreurs en faisant d’un seul personnage le porte-parole de son auteur ?
Le théâtre est-il plus efficace quand il donne des réponses ou quand il pose de bonnes questions ? Les œuvres théâtrales qui ont survécu visent à l’universel et ouvrent sur des interprétations multiples et enrichies par chaque lecteur et chaque génération. On ne lit plus Racine comme ses contemporains. Le théâtre invite à une lecture éternellement renouvelée et monter une pièce n’est-il pas finalement proposer une lecture parmi d’autres possibles mais unique, singulière et éphémère : le temps d’une représentation.
Conclusion
Le théâtre est un miroir de la société, un porte-parole des idées de l’auteur dont il est cependant difficile parfois de déceler les intentions. L’auteur s’exprime à travers plusieurs personnages, il pose des questions sans forcément y répondre. Peut-on penser que le théâtre, par les débats qu’il propose, est un art particulièrement propice à l’éveil d’une conscience citoyenne ?
NB. Les exemples sont donnés à titre totalement indicatif. L'élève doit s'appuyer sur sa culture et éventuellement sur sa propre expérience du théâtre. On attend essentiellement de l'élève une argumentation qui repose sur la spécificité du genre théâtral.
Autre possibilité pour la deuxième partie : on admettra que l'élève considère le théâtre comme un genre divertissant et donc peu propice à l'engagement.
II. Le théâtre n’a pas pour seul rôle de faire passer des idées.
- Amuser (le « plaisir » dont parlent les classiques : leitmotiv dans leurs prologues)
- Distraire : dans le sens de diversion = faire oublier le quotidien (drame bourgeois – vaudeville).
- Emouvoir : toucher les sens = émotion (drame larmoyant XVIIIe s) et émotion esthétique : beauté des costumes, d’un décor, d’une intrigue et surtout d’un style (théâtre littéraire : alexandrins de la tragédie classique, versets d’un Claudel, dépouillement, simplicité et beauté de la langue dans les pièces de M. Duras, etc.)
1. Est-il préférable de lire ou de voir une pièce ?
I - On peut préférer voir une pièce de théâtre car : 1) le texte de théâtre est fait pour être joué ; 2) le texte prend vie car le spectacle est dynamique ; 3) le texte prend sens car le metteur en scène livre son interprétation de la pièce.
II - On peut préférer lire une pièce de théâtre car : 1) la gestion du temps de lecture dépend de nous ; 2) on peut aller chercher des informations qui aideront à comprendre la pièce ; 3) on devient metteur en scène ; 4) on construit son interprétation du texte.
2. Le théâtre est-il le pays du réel ?
I - Une pièce reflète la réalité car: 1) elle met en scène des personnages et intrigues contemporaines du dramaturge et du spectateur; 2) elle parle de sentiments universels; 3) elle use d'un langage qui recherche le naturel.
II - Une pièce ne peut refléter fidèlement la réalité car: 1) elle doit se plier au principe de concentration (temporelle, spatiale, narrative) ; 2) elle doit se plier à des règles; 3) elle est un texte littéraire qui use d'un langage travaillé en quête d'effets.
III- Une pièce exacerbe et dramatise la réalité: 1) elle propose une représentation intensifiée des passions; 2) elle pousse les situations à l'extrême; 3) ou à l’inverse, elle simplifie la réalité pour la rendre plus signifiante.
Amusez-vous à imaginer des exemples concrets qui viendraient illustrer ces idées …
3. En quoi la mise en scène d’une pièce en propose-t-elle une interprétation ?
Préparer la dissertation ~ Comprendre le sujet
• Analysez précisément les mots du sujet.
- «Mise en scène»: passage du texte à la représentation, incarnation de la pièce. C'est une partie essentielle de la création de la pièce.
- «Interprétation»: le mot n'est pas à prendre ici au sens théâtral pur (de «jouer)) ou « incarner »); ici, «interpréter), c'est donner tel ou tel sens à quelque chose, en donner sa propre « traduction »); pour une pièce, c'est en donner sa propre version, et donc faire preuve de subjectivité.
• La consigne ne vous invite pas à discuter la véracité de cette affirmation, à dire si elle est vraie ou fausse; on ne dit pas: «vous vous demanderez si la mise en scène est une interprétation», mais « en quoi ... ») ; l'affirmation est acceptée comme établie. Il faut seulement apporter des arguments et des exemples pour la soutenir, pour montrer sa véracité.
• Posez la question sous diverses formes, avec vos propres mots, pour mieux la cerner. La question peut se dire ainsi: ex. de reformulation (qui prouve que vous avez compris non seulement le sens mais les enjeux qui en découlent) «Quels éléments font que toute mise en scène présente une vision personnelle d'une pièce, oblige à faire des choix, donc à participer à la création de la pièce en y apportant sa contribution, quitte à la modifier? »)
• Plus généralement, cela pose le problème des différents choix que le metteur en scène doit opérer. Cette réflexion vous amène à formuler des sous-questions: « Dans quels domaines, sur quels éléments le metteur en scène a-t-il des choix à opérer?))
~ Chercher des idées
• Pour trouver des idées, réfléchissez à partir:
- des différents éléments qui composent une pièce: texte (répliques et didascalies), personnages, temps et lieu de l'action, registre de la pièce (comique, tragique, dramatique ... );
- des différents éléments de mise en scène sur lesquels le metteur en scène peut jouer: acteurs, décor, costumes, lumières, rythme imprimé à la pièce.
• Cela vous suggère d'autres sous-questions, plus ciblées, en partant des divers éléments répertoriés ci-dessus:
- «Quelles libertés le metteur en scène peut-il prendre:
avec le texte que l'auteur lui a laissé? (quels traitements peut-il faire subir au texte théâtral écrit?)
avec le temps et le lieu de l'action? »
avec le registre de la pièce?»
- «Par quels moyens le metteur en scène peut-il donner sa propre conception de la pièce? Sur quels éléments peut-il jouer?)), ce qui se divise en:
quels choix a-t-il en ce qui concerne les costumes? les décors? ...
Enfin, vous pourrez tout de même vous demander, pour terminer votre devoir: «Jusqu'où peut aller le metteur en scène? »)
• Cherchez des exemples précis dans les pièces que vous avez étudiées et dans les représentations que vous avez pu voir.
~ Faire un plan
Introduction
1. Sur quels éléments de la pièce (écrite) le metteur en scène peut-il «jouer » pour 1'« interpréter)) et en donner une vision personnelle?
1.1. Sur le texte
1.2. Sur le temps ou le lieu de l'action (Dom Juan moderne, Tartuffe intégriste musulman par Ariane Mouchkine par ex. ou Scapin dans un décor de cirque à la Comédie française.
1.3. Sur le registre de la pièce (L’Avare peut être joué dans un registre tragique ou grotesque)
1.4. Sur la portée de la pièce (ce ne sont plus les dévots qui sont attaqués dans la pièce de Mouchkine mais les intégrismes religieux plus généralement. Le père de DJ n’est pas toujours un modèle de vertu.
2. Par quels moyens, à travers quels éléments le metteur en scène peut-il faire passer son « interprétation)) ?
2.1. Le choix des acteurs (leur physique, leur âge ou leur jeu) (un DJ naturellement beau et séduisant ou au contraire déjà mûr, physique peu avenant (oblige à comprendre que la séduction n’est pas seulement physique – un Avare proche de la folie)
2.2. Le décor, les costumes et la lumière (décor très chargés, très réalistes ou très dénudés : quelles conséquences ? importance et variété des costumes possibles … jeux de lumière essentiels … etc.
2.3. Le rythme imprimé à la pièce
Conclusion
L'objet d'étude Théâre.docx |