Méthode de la dissertation
Comment se présente un sujet ?
Quelle que soit la forme de l’énonciation, la structure réelle d’un sujet est toujours la même et le sujet se présente sous deux formes
1. énoncé d’une idée générale, d’un avis généralement tranché le plus souvent sous forme d’une citation courte, d’apparence soit évidente, paradoxale ou provocatrice suivi d’une question contenant éventuellement des consignes
2. une question directement posée, avec ou sans consigne précise
Cette différence formelle n’a pas d’incidence sur l’analyse du sujet ; toutefois dans le premier cas, l’analyse de la citation ne dispense pas de l’analyse de la question puisque toutes deux orientent la réflexion
Les questions sont d’une grande variété dont voici les principales
« vous répondrez à cette question à partir des textes qui vous sont proposés, de ceux que vous avez étudiés en classe et de vos lectures personnelles » Dans ce cas la consigne dépend de la question précédemment formulée
« cette définition vous paraît-elle s’appliquer aux textes du corpus proposé, à ceux que vous avez étudiés en classe et à ceux que vous avez approchés dans vos lectures personnelles » Il s’agira ici de comparer les œuvres que l’on a étudiées et les extraits proposés avec une définition générale
Ce type de question se rapproche d’autres formulations voisines :
« Dans quelle mesure cette réflexion s’applique-t-elle … ? » « Les œuvres…correspondent-elles à ce jugement » « Partagez-vous cette opinion ? »
Toutes ces questions vous demandent en fait d’infirmer ou de confirmer un jugement à partir d’œuvres spécifiques
La question posée peut demander de développer, de réfuter ou de discuter le jugement d’un auteur ; elle peut également demander d’exprimer un point de vue personnel après avoir confronté les points de vue des auteurs du corpus
La problématique du sujet : il s’agit, à travers l’analyse de la citation, de reconnaître un débat ou une discussion et de dégager des pistes de réflexion (exemples : la sincérité de l’autobiographie, le conte philosophique est-il destiné à divertir ou à instruire)
Le sujet s’appuie donc sur des objets d’étude, sur les textes proposés avec le sujet et sur la culture personnelle du candidat
Il n’est pas possible de négliger les textes d’étude : il faut au moins en extraire quelques exemples. En revanche, il convient de ne pas rester enfermé dans le cadre étroit des 3 ou 4 textes proposés. Considérer les textes du corpus comme un garde-fou et une opportunité et rappelez-vous que de plus en plus souvent le sujet ne vous propose plus q’un seul texte.
Cet exercice reste le plus difficile des trois mais il peut « rapporter gros » et les professeurs ont un a priori favorable pour les élèves qui choisissent ce sujet
Remarques préliminaires
le vous du sujet est un on indéterminé.
l’appel à l’expérience personnelle ne signifie pas raconter sa vie mais c’est un appel à l’expérience livresque. Donc l’essai est bâti sur des références littéraires.
l’affirmation que pose le sujet n’est pas supposée être mise en perspective historique : la vérité est éternelle. Donc le temps grammatical de la dissertation est le présent.
Ce qu’il faut faire devant le sujet
Recourir aux objets d’étude : dès que la problématique du sujet a été identifiée ; il est nécessaire de recourir au travail mené pendant l’année : il convient de noter au brouillon les différentes formes de textes autobiographiques, les auteurs et les œuvres concernés (dans le cas d’un sujet portant sur l’autobiographie)
Tenir compte des textes proposés pour construire, au moins partiellement, votre problématique ou pour vérifier que la problématique que vous élaborez est en mesure d’en rendre compte
Exploiter le corpus : les différents textes du corpus sont analysés en fonction de la problématique posée. Observez attentivement les sujets de l’écriture d’invention et du commentaire : ils peuvent vous être utiles pour traiter le sujet de dissertation
Comment utiliser vos connaissances ?
Vous aurez intérêt à raisonner en termes de passages précis à analyser, plutôt qu’en termes d’idées d’ensemble sur telle œuvre, tel auteur ou tel genre littéraire.
S’agissant de la culture personnelle, essayez de vous remémorer les lectures personnelles de l’année en cours mais aussi des années précédentes. Usez avec modération de la science fiction et des romans policiers (pour la BD il vaut mieux se limiter aux classiques – type Hergé – et ne pas faire allusion aux mangas). De même il est recommandé de faire appel à vos connaissances cinématographiques à condition qu’elles ne se bornent pas aux grosses machines hollywoodiennes et aux comédies françaises les plus racoleuses. En revanche si vous avez quelques lumières sur le film noir américain, sur le cinéma asiatique ou les films de Chaplin, ce sera un plus pour votre copie.
Construire un plan
Pour développer un point de vue
On décompose, pour l’expliquer, l’approfondir et l’enrichir, le jugement ou la problématique posée par le sujet. Si la problématique est « Une autobiographie peut être véridique », on peut aborder trois aspects : le souci d’exactitude dans l’enchaînement des faits / l’aveu des fautes et des secrets / la redécouverte de soi à travers l’écriture
Après avoir explicité le point de vue proposé par le sujet, il convient de l’approfondir et l’enrichir par une ou plusieurs idées nouvelles puisées dans le corpus, ou encore les lectures faites en classe et les connaissances personnelles
Pour réfuter un point de vue
La première partie du plan explicite l’opinion en évoquant le contexte dans lequel elle a été formulée ; la seconde partie peut manifester un accord partiel avec la proposition (concession). Il faut ensuite opposer à l’adversaire une idée directrice nouvelle invalidant son point de vue : vous devez alors argumenter et réfuter l’opinion en la contestant point par point
Pour discuter un point de vue
La première partie justifie et développe l’opinion exprimée ; la deuxième partie en montre les limites ; la troisième partie propose une opinion personnelle qui repose le problème dans des termes plus pertinents : il s’agit d’un plan dialectique
Pour confronter des points de vue et exprimer un jugement personnel
On adoptera un plan comparatif. Celui-ci ne consiste pas à présenter séparément les points de vue, mais au contraire à analyser successivement les éléments de convergence et d’opposition. On terminera par l’exposé de son opinion personnelle (ce point est repris dans « les différents plans »).
.
CONSIDERATIONS GENERALES
Etant un texte argumentatif, votre dissertation doit être dialogique (faire entendre deux voix ; c’est-à-dire deux thèses : la thèse que vous défendez et la thèse que vous réfutez et que vous aurez soin de faire entendre via la concession)
Difficultés spécifiques à l’exercice
Ne nous affolons pas : peu nombreuses, ces difficultés sont loin d’être insurmontables. Il s’agit de voir, dans un laps de temps très bref, quelle est la question posée par le sujet, de mobiliser une information et une problématique dans les meilleurs délais, de construire un exposé qui tienne compte des contraintes de l’exercice ...
Ce qu’est la dissertation.
En fait, elle est une double médiation :
1 - entre un sujet (celui-là même qui figurera sur votre copie), les textes du corpus et votre culture personnelle
2 - entre ces deux textes (sujet + œuvres) et un lecteur-correcteur qu’il faudra convaincre.
Ce qui est attendu du candidat.
Rien de bien compliqué ! Faire la preuve de ses capacités de compréhension, de son aptitude à gouverner sa pensée, à convaincre, à formuler un jugement personnel et motivé.
Démarche globale
La dissertation doit être un ensemble dynamique, une claire démarche démonstrative et argumentative, reflétant le cheminement d’une pensée qui se cherche (mais qui se trouve !), qui argumente, réfute et pousse jusqu'à une réponse conclusive riche (si possible), claire et motivée, aux questions qui ont été nouées en problématique, au terme de l’introduction, à partir d’une analyse attentive de la citation. Telles sont les règles de ce jeu que nous allons détailler à présent.
L’INTRODUCTION
Elle a pour fonction d’annoncer le sujet, de l’analyser et de définir clairement le problème qu’on y voit posé, enfin de préparer le lecteur à la discussion qui va suivre.
En d’autres termes, le rôle essentiel de l’Introduction est de délimiter la PROBLEMATIQUE du sujet en indiquant où celui-ci place l’accent principal, après avoir mené une analyse serrée des termes du sujet.
L’ANALYSE DU SUJET
L’analyse doit :
expliciter le sens du sujet
évaluer son ton
déterminer ses enjeux
situer le sujet dans son contexte.
Analyser un sujet, ce n’est donc pas seulement y repérer quelques thèmes, encore moins isoler quelques mots ; c’est s’efforcer d’en découvrir la logique - implicite ou explicite - pour en saisir la portée, l’horizon polémique, les enjeux et dégager ainsi une PROBLEMATIQUE qui permette une véritable discussion.
Méfiez-vous des sujets trop évidents (ceux que l’on croit avoir compris à la première lecture) : ne vous jetez jamais dans la recherche d’arguments sans vous être obligé à scruter le sujet pendant au moins quinze minutes
L’objet dont doit traiter une dissertation n’est jamais le sujet tel qu’il est posé mais le problème qu’il pose.
Donc dès l’abord il convient de cerner le problème induit et non de répondre à une question / prétexte ou de convoquer de vagues souvenirs de cours qui vous semblent correspondre au sujet
Chaque sujet est singulier : il convient donc de mener une véritable réflexion personnelle
Cette analyse du sujet doit impérativement figurer dans l’introduction de votre devoir, et ce pour deux raisons :
l’analyse que vous menez sur le sujet manifeste comment vous le comprenez et quel sens vous entendez donner à votre réflexion. Il ne suffit donc pas de recopier, de résumer ou de paraphraser le sujet.
c’est de l’analyse du sujet, et d’elle seule, que vous pourrez élaborer une problématique.
Que faire si l’énoncé du sujet est complexe ?
Ne pas hésiter à consacrer une pleine page à son explication préliminaire, car de celle-ci dépend le « cadrage » de votre copie.
LA PROBLEMATIQUE
L’analyse d’un sujet ne consiste pas à en extraire 2, 3 ou 4 « thèmes » que l’on traitera successivement mais à construire une problématique adéquate, précise et complète et d’engager une véritable discussion.
La problématique naît de la confrontation des extraits, de l’objet d’étude et de l’énoncé : le sujet ne se comprend que par rapport à des textes et une même question peut prendre des sens différents selon les œuvres auxquelles elle s’applique (une question sur la sincérité de l’auteur dans l’autobiographie n’aura pas le même sens face à un extrait des Confessions que face à une page des Mémoires d’outre-tombe)
Le candidat doit donc se poser les questions suivantes :
Pourquoi me pose-t-on cette question à propos de ces extraits et de ce type d’œuvre ? ne pas pouvoir répondre à cette question est mauvais signe
Quels aspects de ces textes et des œuvres étudiées en classe me paraissent entrer dans le sujet ?
Si on répond directement à la question de l’énoncé, on s’expose au risque de réduire la dissertation à un simple inventaire des éléments de réponse, privé de tout principe unificateur. Il est donc indispensable de définir avec précision à quelle question le raisonnement va tenter de répondre : c’est la « problématique » qui va donner une dynamique au développement et conférer à la dissertation une allure de « démonstration ». En effet, à quoi bon répondre à une question si on ne voit pas en quoi elle fait problème ? (les notes médiocres s’expliquent souvent ainsi : on n’attend aucune réponse car aucun problème n’a été soulevé)
La problématique résulte donc de l’analyse du sujet ; cette analyse a permis de déduire un problème, c’est-à-dire une question qui prête à discussion et que l’on se propose de résoudre : l’examen de ce problème constitue toute la dissertation.
Toute dissertation qui se contente de paraphraser ou d’illustrer le contenu du sujet manque son but. Toute réflexion qui prend appui sur tel ou tel mot du sujet arbitrairement isolé, sans tenir compte de son unité, laisse forcément échapper l’essentiel.
Tout plan purement énumératif, qui ne marque pas une progression de la pensée, condamne d’avance la copie.
Dégager une problématique est la tâche la plus importante et la plus difficile, mais d’elle dépend … le salut ou la damnation.
Conçue comme un programme de réflexion, la problématique doit guider sans cesse les développements ultérieurs.
POUR DEGAGER UNE PROBLEMATIQUE
Schématiquement, saisir la problématique contenue dans un sujet suppose que l’on dégage les oppositions d’idées à partir desquelles il a été formulé.
Comment procéder ?
partir d’un paradoxe implicite car la réflexion s’approfondit en se tournant vers l’inattendu.
partir d’une opposition de concepts (être/paraître, mythe/réalité, etc.)
La problématique se rattache à un ou plusieurs objets d’étude abordés dans l’année ; il s’agit donc d’être capable de mobiliser les connaissances acquises et sélectionner celles permettant de traiter le sujet
Une dissertation est toujours organisée autour d’une problématique : il y a donc un risque réel de se situer hors sujet c’est-à-dire de ne pas cerner le sujet et ses enjeux.
Ä poser un problème conduit à tenter de le résoudre.
Donc votre devoir s’organise selon le schéma suivant :
INTRODUCTION pose le problème en soulevant des questions
DEVELOPPEMENT examine le problème
et tente de le résoudre
CORPS DU DEVOIR
CONCLUSION : fait le bilan de la discussion et apporte des réponses
Comment rédiger votre Introduction
Postulat : votre lecteur ne connaît pas le sujet Ä il convient donc de le lui présenter
Préambule / Ouverture
Passage progressif de l’un à l’autre
Problème
toujours commencer in medias res (Horace, Art poétique) ie dans le vif du sujet en évitant les approches lointaines (depuis la nuit des temps, dès l’ Antiquité, depuis l’invention de l’écriture…)
il faut non seulement poser mais aussi situer le problème = il est donc plus habile de montrer au lecteur dans quel contexte un problème s’insère que de lui en asséner brutalement l’énoncé.
Le schéma de l’introduction est donc le suivant :
Un paragraphe de 10 à 15 lignes et en 4 phrases (les 4 étapes attendues)
1. Préambule (phase d’amorce du sujet)
Amener le sujet par :
une citation probante
une idée générale conduisant à la problématique
un exemple littéraire ou artistique
Il s’agit ici de faire une présentation générale du sujet : soit le thème qu’il aborde, soit l’œuvre ou l’auteur concerné.
Il importe que cette première phrase ne soit pas artificielle ou creuse mais introduise réellement le sujet : elle doit donc s’orienter déjà vers le problème que l’on va traiter.
2. Citer et analyser le sujet. Faire apparaître le nom de l’auteur de la citation et, s’il est connu, le titre de l’œuvre dont elle est tirée.
On reprend la citation éventuelle et on adapte cette question au contexte d’une introduction. Ainsi si la question est : « Dans quelle mesure partagez-vous cette opinion ? », on ne la reprendra pas évidemment sous cette forme, mais par une formule du type : « Cette opinion soulève pourtant un certain nombre d’objections »
3.Dégager la problématique
L’explication concise du problème posé par la question : on doit pouvoir montrer en une phrase où se situe le problème
Ce point est capital : c’est le problème que vous formulez ici qui va servir de ligne directrice à la dissertation ; c’est à ce problème que vous répondrez en conclusion
Attention :
- ne posez qu’un problème à la fois
- ne répondez pas au problème en le posant : la réponse doit arriver en conclusion. Le raisonnement ne doit pas être la justification d’une réponse acquise d’avance, mais une démarche progressive vers cette réponse
4. Annoncer le plan du devoir
Evitez les formulations lourdes et préférez les phrases du genre :
« S’il est vrai que……on remarquera cependant….tout en examinant si……………… »
RemarquesØ se contenter d’indiquer les directions suivies mais ne pas indiquer dans quel sens on va résoudre le problème.
Indiquer la démarche non le contenu du devoir.
éviter les introductions trop longues = une introduction doit constituer 10 à 15% de l’ensemble.
Eviter d’annoncer des parties qu’on ne retrouvera pas ensuite dans le développement.
Où définir le vocabulaire employé dans le devoir ?
Si des termes du sujet peuvent prêter à confusion, les définir avant la discussion.
si la mise au point ne nécessite que quelques lignes, la situer dans l’introduction.
si les définitions exigent un développement > 3 lignes.
-les situer au début du corps du devoir.
ou au moment où le terme qui peut poser un problème est employé.
Dans certains cas, la définition d’un mot du sujet peut constituer une véritable partie du devoir.
Quand rédiger l’Introduction ?
Ne pas commencer par le commencement. Donc rédiger au brouillon l’Introduction immédiatement après avoir bâti le plan détaillé au brouillon
Mais l’introduction ne sera recopiée sur la copie qu’une fois l’ensemble du développement couché sur le papier
Ä ainsi vous évitez d’annoncer dans l’introduction une partie qui ne figurerait pas dans le développement`
MAITRISER UNE DIALECTIQUE
Disserter c’est dialoguer.
Dans une dissertation, on progresse vers l’objectif suivant : convaincre le correcteur de la pertinence et de la validité de son raisonnement en intégrant à la réflexion les réponses aux objections éventuelles.
La dialectique n’est pas une accumulation d’arguments « pour » et d’arguments « contre », mais une tension qui aura tenu compte des critiques et des restrictions possibles.
L’ANNONCE DU PLAN
Cette phase est indispensable mais ne doit pas se transformer en un résumé de l’argumentation à venir : c’est donner la réponse avant d’avoir posé la question et émousser l’intérêt du lecteur.
On évitera la tournure lourde et scolaire « dans un premier temps..... dans un deuxième temps.... » qui souligne mal la cohérence que doit offrir le raisonnement.
Il faut également éviter d’annoncer une suite de parties qui paraissent sans rapport logique l’une avec l’autre et qui, en quelque sorte, « émiettent » le sujet au lieu de l’embrasser dans sa totalité.
On renoncera surtout aux formules vagues (« Voyons d’abord en quoi cette citation est exacte, puis en quoi elle est incomplète; enfin nous donnerons notre avis personnel », ce qui est ne rien dire).
Au vrai, quand votre propos est bien défini, l’annonce du plan prend tout naturellement la forme d’une suite de questions - autant que de parties - qui s’appellent logiquement l’une l’autre. Cette annonce du plan peut également se faire sous la forme d’affirmations nuancées (recours à des modalisateurs)
Ne jamais désigner votre dissertation par des termes scolaires du type « dans mon introduction je me propose de … », « en conclusion de cette deuxième partie.. »
LA CONCLUSION
A ces questions, la conclusion doit apporter une réponse claire, personnelle, cohérente. C’est dire qu’elle a un rapport direct avec l’Introduction et qu’il est utile de lire l’une après l’autre ces deux parties essentielles pour s’assurer que l’on n’a pas perdu de vue son sujet.
C’est vers la Conclusion que converge en principe tout le développement, c’est donc dire qu’elle est le moment de rassembler les acquis précédents pour répondre aux questions posées et pour élargir les perspectives, sans dissoudre le sujet. Ajoutons que la Conclusion réclame une certaine fermeté : la prudence ne doit pas vous suggérer une opinion si balancée qu’elle laisse le correcteur perplexe. Mais il convient, à l’inverse, d’éviter l’outrance, cela va de soi.
Deux défauts fréquents à signaler :
le manque de cohérence entre la Conclusion et l’ensemble du devoir.
C’est une conclusion générale à l’ensemble du devoir !!!
la présentation d’idées nouvelles dont on s’avise tardivement et qu’on énonce in extremis, risquant ainsi d’affaiblir ou de fausser l’exposé qui précède.
Conclure, ce n’est ni résumer
ni s’évader du sujet
Au contraire, il faut
-rappeler la problématique de départ
Bilan
Passage progressif
de l’un à l’autre
Elargissement
(rattachement à une idée
plus générale ou à un autre
aspect du problème)
Bilan = établir le bilan en formules ramassées, sans répéter le développement.
= mise au point faite avec concision
vigueur- fermeté
Ouverture = son intérêt est de montrer que l’on a compris que le problème posé s’insérait dans un contexte plus vaste.
Le schéma de la conclusion est donc le suivant
Un paragraphe de 10 à 15 lignes et en 4 phrases (les 4 étapes attendues)
- Récapitulation du raisonnement
Vous veillerez simplement à ne pas répéter mot pour mot l’annonce du plan de l’introduction (jouez de la synonymie), mais à pendre en compte l’essentiel de cotre devoir
- Formulation de la réponse apportée par votre raisonnement
- Réponse que vous pouvez apporter à la question posée par l’énoncé
- Elargissement
En répondant à l’une ou l’autre de ces interrogations, vous trouverez un élargissement acceptable, en prenant bien soin de le présenter comme une conséquence logique de votre raisonnement, que cet élargissement soit une affirmation ou une simple hypothèse à nuancer
Cet élargissement ne doit pas être creux, gratuit ou artificiellement plaqué
On remarquera que la disposition de la conclusion est exactement symétrique de celle de l’introduction : alors que l’introduction progresse du plus général au particulier, la conclusion avance du particulier vers le plus général
Présentation générale récapitulation du raisonnement
Question de l’énoncé réponse à la problématique
Problématique, ligne directrice réponse à la question posée par l’énoncé
Annonce du plan élargissement
Quand rédiger la conclusion ?
1) après établissement du plan détaillé, notez sur une feuille séparée les principaux éléments de votre conclusion.
2) la rédaction proprement dite ne se fera (au brouillon) qu’après celle du développement et relecture de l’ensemble.
3) l’idéal est de rédiger l’introduction et la conclusion en parallèle et simultanément : les questions posées dans l’introduction trouvent tout naturellement leurs réponses dans la conclusion
CONCLUSION
1 - Bilan
Faire une synthèse des conclusions intermédiaires et dégager une perspective cohérente.
(Manifester un sens de la formule concise et explicite)
Répondre très clairement aux questions que vous avez soulevées dans l’Introduction en exprimant une opinion personnelle
2 - Elargissement des perspectives
Terminer en beauté :
par un élargissement du problème : proposer une nouvelle orientation à la réflexion
par une citation opératoire, en étroit rapport avec le sujet.
LE DEVELOPPEMENT
Pour l’organisation du développement, il est clair qu’il n’est pas de recette universelle. Le bon vieux précepte, thèse, antithèse, synthèse, sommairement appliqué, aboutit à un plan caricatural. En réalité, c’est l’analyse correcte du sujet et elle seule qui donne le plan. (pour les différents plans, voir plus bas)
Veillez à l’équilibre des différentes parties et des différents paragraphes : si l’argumentation est cohérente et bien organisée, elle doit trouver d’elle-même une expression harmonieuse et bien équilibrée.
Il est utile de rappeler, de temps en temps, avec autant de discrétion et d’aisance que possible, la progression de votre exposé : vous facilitez la tâche du correcteur (il vous en saura gré !) et vous vous assurez que vous n’avez pas perdu de vue le but à atteindre.
Le développement doit montrer une pensée à l’œuvre, qui progresse en marquant nettement ses étapes, ses résultats et en vérifiant régulièrement son lien avec les termes du sujet.
En conséquence, il est nécessaire de proscrire les transitions maladroites du type « Voyons maintenant ... » qui juxtaposent et ne lient pas les différentes étapes du raisonnement, qui dispersent l’attention du lecteur au lieu de la mobiliser. Composer n’est pas juxtaposé ! ! !
Veillez à ménager une progression logique et continue dans chaque partie (comme dans l’ensemble du devoir) : allez du moins important au plus important et ne donnez jamais l’impression de piétiner ou de revenir en arrière.
Rédaction du développement
Le schéma général d’un développement est le suivant
3 parties de plusieurs paragraphes chacune
Première partie (thèse ou 1er thème ou 1ère hypothèse)1er § : introduction partielle en 2 éléments
expliquez d’abord l’objet de cette partie, l’idée générale de ce qui fonde l’unité de la partie, la thèse que vous allez démontrer
annoncez ensuite en une phrase les arguments sur lesquels reposent les paragraphes suivants
2ème § : 1er argument en 3 éléments :
- présentation de l’argument
- analyse des références de l’œuvre sur lesquelles il s’appuie
- formulation de l’élément de réponse que cet argument apporte à la problématique (ce dernier point est capital car il empêche de s’éloigner du sujet)
3ème § : 2ème argument, relié au précédent par une formule de transition montrant le lien logique entre les 2 paragraphes
Le reste du paragraphe se déploie selon le même schéma que le paragraphe précédent
Autant de paragraphes que d’arguments !
Dernier § : conclusion partielle et transitoire (annonce de la partie suivante) :
- cette conclusion partielle synthétise l’argumentation de la 1ère partie : à ce stade du raisonnement, où en est-on de la problématique ?
- si la dissertation s’arrêtait là, quelle serait la réponse au problème posé ?
Deuxième partie (antithèse ou 2ème thème ou critique de la 2nde hypothèse)
1er § : introduction partielle en 3 éléments
une transition où l’on explique en quels termes se pose au début de cette 2ème partie (on s’appuie sur la conclusion de la première partie pour relancer la problématique)
puis on explique l’objet de cette nouvelle partie
et enfin, on annonce les arguments sur lesquels reposent les paragraphes suivants
2ème § : 1er argument en 3 éléments :
- présentation de l’argument
- analyse des références de l’œuvre sur lesquelles il s’appuie
- formulation de l’élément de réponse que cet argument apporte à la problématique (ce dernier point est capital car il empêche de s’éloigner du sujet)
Ensuite on procède de la même manière que pour la première partie, jusqu’au dernier paragraphe de conclusion partielle
Troisième partie
Sur le même schéma que la seconde
Un atout essentiel est un fil directeur clair. Il s’agit donc de soigner les articulations suivantes :
l’ouverture de chaque partie doit clairement rappeler le thème ou la thèse qui y sera développé ; même si ceux-ci ont été explicitement annoncés dans l’introduction, il faut assurer une fonction de rappel.
l’association idée-exemple : le paragraphe est la cellule de base de votre démarche argumentaire ; celui-ci sera efficace si :
A - vous développez suffisamment l’exemple retenu et ne vous contentez pas de vagues allusions.
B - vous exploitez habilement les aspects probants de l’exemple convoqué.
Le bilan-transition du dernier paragraphe de chaque partie tirera les conclusions intermédiaires et orientera la réflexion du lecteur vers la partie suivante. Il doit donc être bien pensé et bien tourné : pour ce faire, n’hésitez pas à rédiger un brouillon rapide que vous mettrez au net aussitôt.
Du bon usage des exemples.
Illustrez toujours vos affirmations par des exemples et des références aux textes.
Sont évidemment à proscrire les effets de catalogue, les accumulations d’idées et d’exemples jetés pêle-mêle
Inutile d’accumuler des justifications qui n’ajoutent rien l’une à l’autre. Un ou deux exemples, convenablement choisis et analysés, suffisent. Encore faut-il les exploiter et non les présenter tels quels. C’est dire si les exemples n’ont de pertinence que s’ils sont analysés avec minutie et mis au service de l’argumentation pour élucider un point de la discussion.
Précis, analysés, diversifiés, tels doivent apparaître des exemples qui viennent asseoir une argumentation.
Enfin, il est adroit de viser à quelque originalité et de s’abstenir des citations rebattues, passe-partout, usées que le correcteur aura lues des dizaines de fois avant de s’extasier sur votre copie !
LA QUALITE DE LA PRESENTATION ET DE L’EXPRESSION
On ne dira qu’un mot de la présentation matérielle. C’est évidemment un bon calcul que de faciliter, autant qu’on le peut, la tâche du correcteur. Que l’Introduction et la Conclusion se détachent nettement du corps du devoir; que les différentes parties, les différents paragraphes paraissent équilibrés. Evitez les développements sans alinéa, blocs monolithiques massifs et décourageants, de même que le décousu de passages à la ligne incessants.
La dissertation impose un respect absolu des règles de l’orthographe et de la grammaire.
Votre attention doit porter en premier lieu sur la ponctuation, sur l’accentuation (bien marquer les accents graves, aigus, circonflexes), sur l’emploi convenable des majuscules ou des traits d’union.
Mémorisez l’orthographe du lexique ‘’technique’’ : ‘’occurrence, dilemme, résonance, il résout, il conclut, il conclura, accommoder, prendre à partie, diptyque, stichomythie’’, etc.
La rédaction exclut, bien entendu, aussi bien l’emphase que la vulgarité, le jargon que la langue relâchée. Il y a un ton propre à cet exercice, comme à tout autre. Il s’agit d’être clair, simple, précis : sont donc exclues les proustiennes et les phrases averbales.
La qualité et la richesse d’un exposé n’imposent nullement une présentation obscure ou alambiquée. Mais la platitude ou la pauvreté du style ne sont pas un défaut moins redoutable et il est sans doute plus fréquent.
Pourchassez les redites et traquez les longueurs ; cherchez à rendre la rédaction aussi variée, aussi ferme, aussi entraînante que possible. En particulier quand vous aurez à conclure un paragraphe ou une partie de développement, tâchez d’y mettre quelque vigueur et de trouver des formules expressives, percutantes. En somme, n’oubliez pas que vous avez non pas un juge à désarmer, mais un public, fût-il réduit à un correcteur, à séduire et à convaincre.
LA TRANSITION ENTRE LES PARTIES DANS LE PLAN DIALECTIQUE
Vous venez d’achever la première partie de votre développement, la thèse, et vous désirez changer de perspective sans que cela paraisse artificiel.
Si l’opposition doit être nette, il ne doit pas cependant en résulter une brusque rupture avec ce qui a été dit auparavant. La transition rendra plus convaincante votre logique en lui ôtant son schématisme parfois excessif, et en liant les perspectives de son développement.
Voici quelques exemples de transition oppositive :
« Mais notre approche du problème resterait incomplète si nous négligions d’examiner à présent un autre de ses aspects essentiels... »
« Privilégions à présent tel autre aspect du problème : dès lors l’affirmation selon laquelle ....... doit être nuancée »
Vous voulez passer de l’antithèse à la synthèse ou de l’antithèse à la conclusion.
La transition ne sera pas, dans ce cas, de type oppositif, puisqu’elle amorce une réunification des perspectives ou un dépassement des contradictions apparentes.
On pourra utiliser des formules proches de celles-ci :
« Aussi bien devons-nous reconnaître que l’opposition de ces points de vue n’est pas irréductible .... »
« La contradiction entre la volonté de .... et celle de ..... n’est cependant qu’apparente ; en effet ....... »
On évitera absolument les transitions dans le genre de celle-ci :
« Ayant montré dans la thèse que ...., nous allons maintenant aborder l’antithèse et montrer que ... »
« Dans une première partie nous étudierons le problème de .... puis dans une seconde partie nous examinerons ... et enfin dans une troisième partie nous nous attacherons à démontrer que.. »
LES DIFFERENTES FORMES DE PLAN
Un plan doit être dynamique c’est-à-dire que la conclusion apportera une réponse à la question posée dans l’introduction : entre les deux, on doit progresser régulièrement et par étapes, de l’une à l’autre
Pour vérifier que vous avez su construire une véritable argumentation, une dynamique, les parties ne peuvent être interchangeables ; si elles le sont vos parties sont simplement juxtaposées
Chaque partie nouvelle doit marquer une avancée par rapport à la précédente, dans la résolution du problème posé
Une dissertation est une démonstration scientifique : le problème posé en introduction doit recevoir une solution en conclusion
Combien de parties ?Trop ou trop peu sont des défauts : trop de parties dispersent le développement et trop peu de parties ne permettent pas de tenir un véritable raisonnement. En outre 2 ou 4 parties enferment le développement dans une structure binaire qui est essentiellement, statique (or nous visons le dynamisme !)
Seule une structure ternaire permet un raisonnement dynamique
Il est bon, en cet endroit, de rappeler que la dissertation n’est pas une discussion : la discussion présente deux opinions opposées sans prétendre trancher alors que la dissertation conduit une réflexion progressive jusqu’à une solution qui en découle.
Indices pour reconnaître un plan Lorsque l’énoncé se présente comme une simple question, le plan est généralement tout à fait libre, et l’on cherchera en vain des indications (« Quel intérêt un lecteur de 2003 peut-il trouver à la lecture d’œuvres vieilles de plusieurs siècles ? »)
Lorsque l’énoncé propose une citation assez longue, ou une question en plusieurs éléments, il y a des chances de trouver des indications de plan
Classer les arguments dans les trois parties. Cochez, dans votre brouillon, de trois couleurs différentes les arguments correspondant aux trois parties
Soit vous recopiez, sur 3 feuilles différentes, les arguments qui vont alimenter les trois parties
Hiérarchisez les arguments, du plus évident au plus recherché, du plus commun au plus singulier, au plus original
Précisez le lien logique (au brouillon) qui unit les arguments entre eux pour assurer la cohérence interne de chaque partie : les arguments ne doivent pas être juxtaposés mais enchainés.
Le plan d’exposition
Ce plan consiste à présenter les différentes facettes d’une œuvre ou d’un auteur, comme on le ferait dans un exposé :
I. Thème 1
II. Thème 2
III. Thème 3
Ce plan est tout indiqué pour les sujets qui invitent à exposer les éléments d’une question ; en revanche, l est à éviter dans les sujets nécessitant une discussion
Avantages de ce plan, : sa simplicité, sa souplesse
Inconvénients : le risque est grand de tomber dans le catalogue d’idées sans raisonnement véritable
Il conviendra donc de le rendre dynamique :
- En ordonnant les parties selon une logique progressive
- En suscitant l’intérêt du correcteur par une véritable problématique
- En s’assurant que les parties choisies ne sont pas interchangeables dans le raisonnement chois, et que les parties suivantes constituent bien une avancée par rapport aux précédentes
Le plan dialectique
Une légende traîne dans lycées : celle du plan T A S (Thèse. Antithèse. Synthèse)
Ce plan convient lorsque deux hypothèses s’opposent (contradiction) et que, sans trancher nécessairement entre les deux, on doit proposer un choix nuancé : thèse Äantithèse Ä synthèse (qui dépassera la contradiction initiale)
Mais ce plan est souvent mal maîtrisé :
Exemple : «A la question qu’y a-t-il de vrai dans vos histoires ? le romancier contemporain M. Tournier avoue être tenté de répondre : «Rien, j’ai tout inventé».
Pensez-vous, d’après vos lectures, que tout soit inventé dans les romans.
Bac 84. Paris Créteil Versailles ABCDE.
- Un mauvais plan serait du type :
Thèse : oui, un roman est la reproduction du réel / Antithèse : non, un roman n’a rien à voir avec le réel / Synthèse : position moyenne : il y a dans le roman à la fois du réel de l’imaginaire.
- Un plan recevable traduirait le raisonnement suivant :
inventé suppose fiction, imagination.
Ce que Tournier s’excuse d’avoir à dire, et ne dit finalement pas, c’est qu’un roman est une œuvre de fiction.
Là réside le problème = pourquoi la formule que l’on croyait axiomatique «un roman est une fiction» est-elle présentée comme un paradoxe ? Pouvons-nous raisonnablement croire qu’un roman n’est pas (n’est jamais) une fiction ?
T : la thèse consiste à imaginer, dans un premier temps, la conciliation des contraires.
Le roman met en place un imaginaire fabriqué avec du réel.
de la réalité.
A : mise en scène du caractère inconciliable de ces deux éléments. Il n’y a pas dans un roman d’autre réalité que celle que fabrique l’imagination.
Il faut à la fin de chaque partie déboucher sur une affirmation crédible mais incomplète. Donc il s’agit d’intégrer peu à peu à votre raisonnement les éléments susceptibles de le faire progresser.
S : il ne faut pas faire la moyenne mais additionner vos deux premières hypothèses.
Donc S = (T + A)
Le roman se fabrique avec un réel issu lui-même de l’univers romanesque : un roman est fait de romans.
Donc S est un dépassement de la contradiction, il montre que la contradiction n’est qu’apparente.
Avantages de ce plan : la clarté des deux premières parties, et la dynamique nécessaire de la troisième.
Inconvénients : la synthèse est souvent difficile à mettre au point. Le risque est de donner en synthèse des arguments qui auraient pu figurer aussi bien dans les parties précédentes, et de ne réaliser finalement qu’une discussion déguisée ; le risque est aussi de ne faire en synthèse qu’une pré conclusion qui n’ajoute rien à la thèse et à l’antithèse.
On veillera donc à l’efficacité de la synthèse :
- en prévoyant les arguments clefs qui y figureront avant même de construire la thèse et l’antithèse : il est toujours plus facile de ménager les deux premières en fonction de la troisième que d’imaginer celle-ci après les deux autres
- en cherchant non pas à trancher entre les deux hypothèses, mais à les dépasser en changeant de perspective
- en s’assurant que les nouveaux arguments font effectivement progresser le problème
- en rédigeant une synthèse aussi longue que les deux premières parties : une synthèse trop courte est souvent le signe de son indigence
Le plan critique
Ce plan est adapté aux sujets sur lesquels on s’apprête à adopter une opinion tranchée, chaque fois que dans une discussion, la balance penche nettement d’un côté :
I. 1ère hypothèse
II. critique de cette hypothèse, en montrant toutes les objections et limites qu’on peut lui opposer
III. 2ème hypothèse, plus convaincante que la 1ère
Un tel plan suppose donc de prendre nettement parti pour la 2ème hypothèse, pour pouvoir montrer sa supériorité sur la première.
Avantages de ce plan : par nature progressif et dynamique, il est particulièrement efficace quand il est réussi
Inconvénients : on risque de mal distinguer la 2ème et la 3ème partie, qui toutes deux s’opposent à la 1ère ; si l’une ne fait que répéter l’autre, on retombe dans le schéma de la discussion
On obtiendra une bonne progressivité du plan :
- en définissant d’abord les arguments de la 3ème partie, qui est l’aboutissement du raisonnement
- en trouvant ensuite les arguments de la 2ème partie, en vérifiant à chaque fois qu’ils sont bien des critiques de ceux de la 1ère et ne recoupent pas ceux de la 3ème.
- En observant bien que critiquer une hypothèse n’est pas la même chose que soutenir l’hypothèse contraire, comme lorsqu’on a à choisir entre deux produits : montrer les défauts de l’un ne signifie pas montrer les qualités de l’autre
Le plan analytique
Ce plan convient aux sujets qui demandent de réfléchir à une notion un peu complexe ou à des énoncés longs, pour lesquels l’examen du problème nécessite un vrai développement :
I. analyse du problème
II. recherche des causes
III. réponses, conséquences, solutions
Cela consiste donc à approfondir méthodiquement le problème global, sans le diviser en thèmes ou thèses.
Avantages de ce plan : très méthodique, il garantit une réflexion progressive, et fait merveille lorsque l’énoncé comporte de multiples facettes.
Inconvénients : il suppose une bonne capacité d’analyse, sans laquelle on aura des difficultés à remplir les parties et à mettre le problème au clair
On y parviendra :
- en situant précisément les enjeux du problème et en décomposant les différentes facettes
- en s’appuyant très précisément sur les références à l’œuvre étudiée, qui seules peuvent donner à la dissertation la conviction dont elle a besoin
- en ne donnant pas, par mégarde, les réponses dès la 1ère partie
Le plan comparatif
Il convient aux sujets établissant un parallèle. Deux solutions :
¬ chaque élément de la comparaison constitue une partie :
Donc un plan en 3 pointsA 1ère partie = 1er terme de la comparaison
B 2ème partie = 2ème terme de la comparaison
C 3ème partie = réflexion issue de la confrontation des faits évoqués dans les deux parties précédentes.
L’opposition annoncée dès le début se poursuit tout au long du devoir.
La comparaison entre deux termes annoncée au début est poursuivie tout au long du développement. Les conséquences qui découlent de la comparaison sont tirées à la fin du développement.
RemarquesUn bon plan doit être équilibré, c’est-à-dire que ses parties seront de longueurs sensiblement égales
On ne saurait admettre qu’une partie ne comporte que deux arguments si ses voisines en comptent cinq : on aura donc soin de concevoir un plan qui permettre cet équilibre des arguments
En revanche, on considère comme normal un écart d’un argument entre les parties, au maximum deux : le développement idéal comptera le même nombre d’arguments dans chaque partie, mais si une partie en comporte cinq, on admettra que les autres en comportent quatre ou trois (ou six, si on est inspiré !)
En tout état de cause, aucune partie ne saurait compter moins de trois arguments.
Organisation interne des parties
Il s’agit de hiérarchiser les arguments, mais cette organisation est insuffisante. On s’efforcera d’unir ces arguments selon une logique plus précise, lorsque cela est possible : cause, conséquence, opposition, confirmation, etc.
On adaptera l’ordre des arguments à ce que l’on cherche à démontrer
Donc les arguments s’organisent à l’intérieur de chaque partie selon une progression logique.
Enfin, on dosera les arguments en fonction de leur rôle dans le raisonnement : on évitera de développer un argument irréfutable si on sait qu’on doit le critiquer ensuite ! Il vaut mieux le réserver comme argument final.
COMMENT FAIRE PARLER UN EXEMPLE ?
Trois solutionsA. a, l’exemple (citation, référence)
b, analyse de l’exemple
c, on tire de cette analyse une solution
B. a, émission d’une hypothèse (déduction de la contradiction par comparaison avec paragraphe précédent)
b, exemple se pose en confirmation de l’hypothèse
c, l’analyse de l’exemple étaye cette confirmation.
C. a, on pose une hypothèse contradictoire avec le paragraphe précédent.
b, on construit le raisonnement qui crédibilise cette hypothèse.
c, l’exemple vient en appui, en verrou du raisonnement.
Conseils techniques
Il est indispensable d’être généralement prudent lorsqu’on présente une idée ou un argument
Aussi faudra-t-il se méfier des idées générales qui admettent mal des formulations péremptoires : pour pouvoir généraliser, il faut être sûr qu’il n’y a pas d’exception au principe qu’on affirme, sinon on s’expose à des objections faciles
On vous reprochera une déclaration sans nuances, qui, par une excessive généralisation, se révèle fausse ; si, au contraire, vous présentez cette même idée en termes mesurés, on ne pourra plus rien vous reprocher puisque vous laissez place à des exceptions : donc n’utilisez que des affirmations nuancées
Qualité de la présentation :
Séparez les parties principales (Introduction/1ère partie/2ème partie etc.…) par un blanc.
Faites apparaître des paragraphes dans chaque partie, autant qu’il y a d’unités logiques d’argumentation.
Placez les citations entre guillemets (à la française) : «Le mensonge vrai est le domaine du romancier». Pour la citation de vers, il convient d’aller à la ligne et de respecter la disposition du poème
Mettez une majuscule aux noms propres : François – René de Chateaubriand
Mettez une majuscule aux initiales des titres : Les Mémoires d’outre-tombe
· Soulignez le titre des œuvres mais non pas le nom de l’auteur Les Fleurs du mal de Baudelaire, Le Lys dans la vallée de Balzac.
· S’il vous faut citer le titre d’un poème issu d’un recueil : le titre sera placé entre guillemets et le titre du recueil sera souligné : « La Mort des amants » de Baudelaire est issu du recueil Les Fleurs du mal
Qualité des articulations :
Un atout essentiel est un fil directeur clair. Il s’agit donc de soigner les articulations suivantes :
L’ouverture de chaque partie doit clairement rappeler le thème ou la thèse qui y sera développé ; même si ceux-ci ont été clairement annoncés dans l’introduction, il faut assurer une fonction de rappel. Par ailleurs, il est possible d’amorcer cette ouverture par une citation opératoire.
L’association idée-exemple : le paragraphe est la cellule de base de votre démarche argumentaire ; celui-ci sera efficace si :
- vous développez suffisamment l’exemple retenu et ne vous contentez pas de vagues allusions.
- vous exploitez habilement les aspects probants dudit exemple.
Les transitions
Elles sont capitales : elles assurent la cohérence du développementLeur rôle est d’inscrire chaque argument dans la ligne directrice de la dissertation
Sans elles, les arguments restent disparates et ne constituent pas un raisonnement : même si vous avez trouvé d’excellents arguments, votre copie peut manquer la moyenne si vous n’en avez pas assuré la continuité logique avec les transitions appropriées
Evitez les simples adjonctions « en outre », « de plus », « et » : ces liaisons trop faciles ne sont pas interdites mais il faut toujours se demander si l’on ne peut pas leur préférer des liaisons logiquement plus marquées : « par conséquent », « au contraire », « certes »
Le seul moyen de rédiger une transition efficace est de la penser dans le fil de la problématique : le rôle de chaque argument une fois bien défini dans le raisonnement, il est plus facile de préciser les rapports qui les unissent
Très souvent la transition sera plus claire et plus efficace si elle se développe en une phrase au lieu de se limiter à un mot ou une expression
Des arguments reliés au sujet
Le risque est très grand de s’éloigner du sujet sans s’en rendre compte, au cours de la rédaction :
- lorsque vous rédigez un argument, votre attention se concentre sur cet argument, et vous risquez de perdre de vue l’ensemble de l’argumentation ; or, votre argument n’a de sens que dans la ligne de cette argumentation
- conjurez ce risque de dérive en confrontant systématiquement votre argument au problème traité dans cette partie et au problème général de votre dissertation
SUJETS DE DISSERTATION (2002)
- consultez les annales pour recenser les sujets
LA POESIE
Pensez-vous que les contraintes formelles puissent être pour le poète un obstacle à une expression libre et originale ? Vous répondrez à cette question en prenant appui sur les textes du corpus et les poèmes que vous avez lus et étudiés (LA POESIE)
Dans quelle mesure la poésie vous semble-t-elle particulièrement apte à susciter une remise en question du langage ?
LE THEATRE
Le texte théâtral est-il suffisant en lui-même pour monter un spectacle ?
Qu’apporte l’acteur au texte théâtral ?
CONVAINCRE PERSUADER ET DELIBERER
Les textes littéraires et les formes d’argumentation souvent complexes qu’ils proposent vous paraissent-ils être un moyen efficace de convaincre et de persuader ?
Dans sa préface, Marivaux s’interroge : « un livre imprimé, relié, sans préface, est-il un livre ? » Vous répondrez à cette question en vous interrogeant sur le rôle d’une préface ainsi que sur celui de l’ensemble du paratexte (quatrième de couverture, illustrations, titre…)