Pour le DST sur le roman
Revoir les registres : particulièrement pathétique et lyrique (parfois pour les reconnaître dans un texte à commenter parfois pour les recréer dans l'invention ... Ne pas chercher seulement la définition que vous devez déjà connaître mais retenir les procédés littéraires qui les définissent (là encore essentiels à reconnaître dans un commentaire, et à reproduire dans une invention).
Exemple le registre pathétique:
Un texte relève du registre pathétique lorsqu'il vise à susciter l'émotion et la pitié du lecteur (ou du spectateur dans le cas d'un texte de théâtre). Les principaux procédés du registre pathétique sont:
• les marques de la première personne, qui dévoile le cœur du personnage;
l’évocation d'une situation douloureuse pour les personnages;
le champ lexical de la douleur;
la ponctuation affective : ou bien les phrases exclamatives, qui traduisent une douleur exacerbée; ou bien les phrases interrogatives qui mettent en évidence le désarroi du personnage;
• les hyperboles qui soulignent le malheur.
Faites de même pour les autres registres.
Les outils d'analyse du roman à revoir pour jeudi:
Commencez par ceux qui sont spécifiques au genre romanesque. Quel type de narration est employé? Quel est le point de vue adopté? -
Narrationet / points de vue
Le narrateur est celui qui raconte l'histoire. Deux cas de figure peuvent se présenter: soit le narrateur est un personnage de l'histoire qui participe, de près ou de loin, à l'action; soit le narrateur est externe à l'histoire, ce n'est pas un personnage et il ne participe pas à l'action, Le narrateur externe s'exprime alors de manière anonyme à la troisième personne. Dans ce cas, il peut adopter trois points de vue différents, ou focalisation.
• Focalisation externe: le narrateur essaie d'être le plus objectif/possible. Il décrit la scène comme un témoin extérieur, comme s'il ne connaissait rien des personnages, de leurs sentiments ou motivations. C'est au lecteur d'interpréter ce qui lui est présenté.
• Focalisation interne: le narrateur anonyme adopte alors le point de vue d'un personnage, rapporte sa vision des événements de manière subjective. Le narrateur peut adopter successivement le point de vue de plusieurs personnages.
• Focalisation zéro: le narrateur est omniscient, c'est-à-dire qu'il sait tout sur tous les personnages: leur passé, leur présent, leur avenir, leurs rêves, leurs pensées.
Revoyez ce qui constitue un héros de roman (héros veut souvent dire dans les romans contemporains: personnage principal (n'est donc pas forcément doué de pouvoir surnaturels ou extraordinaires dans le sens du héros antique et ou du roman de chevalerie). Ce héros contemporain peut être "banal", "médiocre" voire même un anti-héros (dans le sens justement où il ne peut pas "agir", "surmonter" les épreuves apportées par la vie ...
Le Personnage De Roman
Un personnage est un être de papier, une construction littéraire faite de mots ; mais, dans le roman, grâce aux techniques de représentation réaliste, il acquiert une « épaisseur », une « densité » (descriptions physiques, notations psychologiques, paroles rapportées) : dès lors, le lecteur peut croire à son existence réelle ou du moins vraisemblable, et il peut s’identifier à lui.
L’étude du personnage, en particulier celle du héros, ouvre sur une certaine vision de l’homme, de ce qui fait l’identité, le sens de la vie. A travers lui, le romancier nous permet de réfléchir sur nous-mêmes et aussi sur la société et le monde qui nous entourent.
Le personnage d'un récit n'existe pas par lui-même mais dans ses relations d'opposition ou de ressemblance avec d'autres personnages : ils forment un système qu'il faut mettre à plat pour mieux comprendre ce qui se dit à travers lui.
Les différents types de héros
Caractéristiques
Le héros positif
Porteur de valeurs, il se distingue par des qualités exceptionnelles, physiques ou morales. Le lecteur est incité à s’identifier à lui.
Le héros négatif Dépourvu de sens moral, il peur faire preuve de violence et de cruauté. Sans s’identifier à lui, le lecteur reste fasciné et est amené à réfléchir sur ses propres tendances obscures.
L’antihéros Il se présent comme un être banal et ordinaire, évoluant dans un monde qui le dépasse ou dans un univers quotidien sans relief. Le lecteur est ainsi amené à réfléchir sur la société dans laquelle il vit, sur ses propres limites, sur sa condition.
Le héros collectif Un groupe d’individus ou une collectivité unie par les mêmes valeurs. Le lecteur s’identifie aux valeurs incarnées par le groupe.
La construction littéraire du personnage
1) Une identité sociale
Le romancier attribue un état civil à ses personnages : origines, nom, âge, situation de famille, métier. Ces données vont confirmer l’univers du roman et conditionner ses enjeux, sa signification d’ensemble. Exemple : dans Germinal, Zola choisit de représenter les mineurs au XIXè siècle et donne ainsi à son roman un sens politique et social.
2) Des traits physiques et psychologiques
Ensemble des traits physiques et psychologiques du personnage, présentés soit de manière directe par le biais du portrait soit de manière indirecte à travers les détails du récit, comportement, paroles, actions. Doté d’un physique précis et d’un caractère que le lecteur peut imaginer, le personnage acquiert ainsi une certaine consistance, une certain épaisseur, et crée l’illusion réaliste.
3) Une évolution
Le roman raconte le cheminement du héros qui correspond le plus souvent à une évolution, une transformation de sa personnalité, de ses connaissances, de ses valeurs, de son rapport au monde.
> Toutes ces caractéristiques sont à étudier de façon à comprendre tout ce qui s'exprime à travers le personnage.
Distribution et fonction des personnages : le schéma actanciel
Héritier de l’épopée, le roman s’organise le plus souvent comme elle autour d’un personnage principal, le héros, qui poursuit un objectif plus ou moins apparent, qui cherche à réaliser un projet: c’est la quête qui vise à atteindre un autre personnage : l'objet (ex : conquérir une femme, abattre un ennemi, s'élever socialement donc être quelqu'un d'autre....).
La quête peut-être commandée par un autre personnage qui mobilise le héros, c'est l'émetteur (ou destinateur).
Elle a lieu au profit de certains personnages, les bénéficiaires (ou destinataires).
Par rapport à cette quête les autres personnages vont avoir différentes fonctions : ceux qui aident le héros dans sa quête sont les adjuvants ; ceux qui entravent le projet sont des opposants.
>>> Cette analyse permet de mettre à plat des rapports de force qui organisent l'action.
Attention : un même personnage peut occuper plusieurs place (par exemple le héros est en même temps l'objet de la quête, les adjuvants sont les bénéficiaires, un adjuvant devient opposant, etc).
Signification du personnage et de sa trajectoire : une représentation de l’homme
Le personnage de roman, suivant les époques, incarne toujours une certaine conception de la personne, de ce qui fait sa consistance, son identité ; il renvoie à une certaine idée de l’homme, propre au romancier ou à son époque. Quelques exemples :
Le roman est centré sur l’évolution et l’apprentissage du personnage
> Représentation des mutations possibles de l’individu, de ses prises de conscience et de sa capacité à changer. Il faut alors bien identifier les facteurs profonds de la transformation.
> Idée que la vie a un sens, qu’elle progresse, s’oriente par rapport à une finalité. L’histoire, le parcours du héros peut ainsi atteindre la dimension de la légende ou du mythe.
Ex : Don Quichotte, rêveur idéaliste, défenseur des opprimés
Le roman est orienté vers la constitution du personnage en type social, représentant d’un groupe
> Le roman a une dimension sociale et politique, il permet de présenter la vision que l’auteur a de la société et de transmettre son point de vue, d’inciter éventuellement les contemporains à une prise de conscience (= littérature engagée)
> Idée que le destin individuel est conditionné par le groupe social auquel on appartient, que l’on est toujours intimement lié à une communauté humaine
Le roman est centré sur l’analyse des sentiments et des passions du héros
> Le roman se présente comme un outil de compréhension de l’humain. Il peut avoir parfois les allures d’une étude. Il donne au lecteur l’occasion d’explorer sa propre psychologie.
> Idée que les événements de notre vie ne sont pas purement accidentels ; ils sont reliés par la logique de la psyché : motivations conscientes et déterminations inconscientes de l’individu.
Historique de la place et des caractéristiques du personnage à travers les siècles
Moyen-Âge-XVIè siècle
Les romans de chevalerie sont des épopées qui reposent sur la quête héroïque menée par des personnages simplifiés, , héritiers des demi-dieux de la mythologie, dotés de qualités surhumaines, modèles qui suscitent l’admiration morale (ex : La chanson de Roland). Ils sont porteurs d’une vision très idéaliste de l’homme.
XVIIè-XVIIIè siècles
Les histoires proposées sont plus complexes, plus chaotiques, et la personnalité s’affine par l’étude des passions qui animent le personnage, et la reconnaissance des faiblesses humaines, mais l’idéalisation est encore présente : le personnage romanesque éprouve des sentiments élevés, témoigne de qualités exceptionnelles et illustre les valeurs morales de son époque. Le roman cherche encore à se faire une place parmi les grands genres littéraires traditionnels.
XIXè siècle
C’est l’âge d’or du roman, enfin reconnu comme un genre à part entière. La vision idéaliste laisse place à des personnages réalistes, communs. Le roman ne cherche plus à camper des modèles : il veut désormais rendre compte du monde réel. Le maître mot est désormais : « vraisemblable ». Le courant réaliste, soucieux de peindre le contexte politico-social, met en évidence la dépendance des individus à leur époque, leur milieu et leurs origines. La personne est conçue comme le produit de ces déterminations. Les personnages romanesques sont souvent des synthèses, des types qui incarnent un groupe social.
Avec le romantisme s’affirment les valeurs individualistes : on voit apparaître l’originalité d’un parcours et la complexité des facteurs d’évolution, en particulier la dimension psychologique.
XXè siècle
Exploration des profondeurs de l’âme, de la conscience intime, subjective qui conduit à une interrogation sur l’identité et sur les moteurs inconscients de l’existence. Les héros romanesques sont souvent confrontés à l’absence de sens : ils ne comprennent pas la société qui les entoure et se sentent en décalage, ou bien leur existence elle-même apparaît comme absurde ; ils n’ont plus de prise sur leur destin. Dans le nouveau roman, le personnage moderne va jusqu’à perdre son nom, son identité ses valeurs. On parle de crise du personnage.
2°) Etude d'un roman
Pour analyser un roman, il faut le situer parmi ces différents genres afin de mieux saisir les intentions de l'auteur.
- Celui-ci peut prétendre décrire des êtres et un monde réel. Le choix qu'il fera alors des milieux, des profils psychologiques et des destinées sera révélateur du jugement qu'il porte sur son temps.
- Il peut au contraire fuir cette réalité et inventer un univers idéal ou atroce trahissant ainsi ses aspirations ou ses craintes.
- Il peut chercher à défendre des thèses, à exposer des théories philosophiques en les incarnant dans des personnages.
Par ailleurs, le choix faits par les romanciers sont révélateurs de la conscience qu'une époque a d'elle-même sous la pression des évènements historiques, des relations économiques et sociales. Cette vision philosophique est souvent communes à des courants littéraires. La désintégration du personnage peut correspondre par exemple au sentiment qu'a l'homme contemporain d'être noyé dans un univers qu'il ne maîtrise plus.
L'étude d'un roman ou d'un extrait de roman suppose un travail particulier, qui peut être mené selon trois axes: l'étude des personnages (en particulier le héros), l'étude du déroulement de l'action et des descriptions.
a) L'étude des personnages, en particulier celle du héros:
Un personnage de roman n'est pas réel, c'est un être d'encre et de papier qui n'existe qu'à travers ce que lui fait dire et faire l'auteur. Cependant le charme du roman tient à ce que les lecteurs succombent à l'illusion romanesque et réagissent face aux personnages du roman comme s'il s'agissait de personnes. Pour bien comprendre comment procède les romanciers pour créer cette illusion, vous devez vous poser les questions suivantes: qui en parle? qui le voit? comment est-il caractérisé (physique, psychologie)?
b) L'étude du déroulement de l'action:
Il faut être particulièrement attentif:
- au début et à la fin du roman: étudier le lieu, le temps, et les personnages. Il faut faire des comparaisons pour apprécier si début et fin entretiennent des rapports de ressemblance ou de divergence.
- aux différentes étapes de l'état initial à l'état final.
- à la composition du roman: y a-t-il ou non des parties, des chapitres? Ont-ils un titre? Sont-ils de mêmes longueurs?
- à la durée du roman: se déroule-t-il sur quelques jours, des années?
- au rythme du roman: les événements se succèdent-ils sur un rythme rapide ou bien le récit est-il fréquemment interrompu par des pauses descriptives?
c) Les descriptions:
Les passages descriptifs étant particulièrement importants, pour chaque description vous vous demanderez:
- Qu'est-ce qui est décrit?
- Qui regarde?
- Dans quel ordre se fait la description?
- Quels sont les champs lexicaux les plus sollicités?
- Quel est l'effet produit par la description?
- Quelle est la fonction de la description: sert-elle seulement à fixer le cadre du récit ou contribue-t-elle également à caractériser un personnage?
Pour chacune de ces rubriques, vous rédigerez une fiche de commentaires fondée sur les relevés que vous aurez faits.
3°) L'étude de la portée du roman
Les romans qui sont le plus souvent proposés à votre appréciation sont des textes du XIXe ou du XXe siècle. Vous vous demanderez quels sont les thèmes (sociaux, historiques, psychologiques, moraux) que le roman aborde et quelle(s) vision(s) de l'individu et de la société il propose. Rédigez une fiche pour les thèmes qui vous auront semblé dominants dans le roman que vous avez étudié.
Genres littéraires: le roman
Présentation rapide de chaque genre romanesque
I -Introduction:
Depuis les romans de chevalerie du Moyen Age, le roman n'a cessé de se diversifier, montrant un dynamisme exceptionnel tout au long de son histoire.
Le roman répond au désir d'évasion du lecteur, mais il rencontre également les préoccupations du temps, anticipe sur les mutations de la société, dénonce les conventions sociales en leur opposant les vérités profondes des désirs et des passions. Humour, passion, engagement: la vitalité du roman se manifeste à travers le renouvellement des formes et des situations romanesques, à travers les prises de conscience qu'il suscite chez le lecteur, la quête des valeurs nouvelles qu'il lui propose.
La diversité des genres romanesques témoigne de cette formidable énergie du roman.
II- Le roman d'analyse:
Le roman d'analyse se consacre à explorer les sentiments de personnages souvent partagés entre l'amour et la vertu, le désir et le renoncement. Dans un décor resserré, le roman d'analyse décrit leurs réactions devant une passion soudaine qui les déborde, un choix de vie difficile. Anxieux, tourmentés, les personnages interprètent les attitudes, les paroles, les regards des autres; ils s'analysent eux-mêmes, avec exigence, avec lucidité.
Écrit dans un style sobre et dépouillé, le roman d'analyse s'illustre au XVIIe siècle avec La Princesse de Clèves de Mme de La Fayette, dans un siècle qui aime l'étude des caractères (Pensez aux Caractères de La Bruyère à la même époque). On le retrouve à l'époque romantique, mais aussi au XXe siècle avec, par exemple, La Porte étroite d'André Gide.
II- Le roman par lettres:
Les personnages rapportent leurs découvertes, confient leurs émotions, entretiennent le dialogue avec un être cher. Si la lettre est l'occasion de rapporter directement un témoignage, d'exprimer un sentiment, elle est aussi moyen de séduction, conquête du destinataire. Dans le roman par lettres, l'échange des lettres multiplie les points de vue, fait avancer l'action. Lettres secrètes, perdues, interceptées: les intrigues se croisent, le roman progresse à travers le jeu subtil des correspondances.
Le roman par lettres connaît son plein essor au XVIIIe siècle qui privilégie l'échange des idées et des sentiments. Ironie philosophique, exaltation des passions amoureuses, stratégies du libertinage, le roman épistolaire donne ses chefs-d'œuvre: les Lettres persanes de Montesquieu, La Nouvelle Héloïse de Rousseau, Les Liaisons dangereuses de Laclos.
III- Le roman autobiographique:
Il ne faut pas confondre le roman autobiographique avec l’autobiographie d'un écrivain qui fait le récit de sa propre vie. Le roman autobiographique met en scène un personnage fictif qui, arrivé au terme de son existence, raconte son histoire au lecteur à la première personne. Avec ses succès, ses échecs, le héros traverse les milieux les plus divers, tandis que l'écrivain joue du regard que le narrateur vieillissant porte sur le jeune homme - enthousiaste, amoureux - qu'il a été.
Dans la première partie du XVIIIe siècle se multiplient les romans autobiographiques: Gil Blas de Santillane de Lesage, Le Paysan parvenu de Marivaux. Au XIXe, Chateaubriand, le romantique, le reprend dans son roman René, Balzac dans Le Lys dans la vallée et au XXe, Proust dans La recherche du temps perdu. Nombreux sont les écrivains qui aujourd'hui rapportent ainsi l'itinéraire social, sentimental de leur héros
IV- Le roman historique:
Faire revivre le passé, recréer l'atmosphère d'une époque disparue: le romancier offre alors au lecteur un univers romanesque ancré dans l'Histoire. Les personnages fictifs croisent des personnages historiques, évoluent dans un cadre minutieusement reconstitué. Le pittoresque des lieux, des objets, le charme du dépaysement s'ajoutent à l'évocation des conflits politiques et militaires, des structures sociales, des confrontations idéologiques qui ont animé une époque.
Si dès le XVIIe siècle les lecteurs apprécient les romans historiques, comme ceux de Mme de Lafayette, c'est au XIXe siècle que le genre triomphe: le siècle du Progrès se penche sur son Histoire. Les musées se multiplient; le mouvement romantique redécouvre l'Antiquité et le Moyen Age. Des écrivains prestigieux, Hugo, Dumas, Barbey d'Aurevilly, Alfred de Vigny, des romanciers populaires comme Paul Feval illustrent ainsi le roman historique.
V- Le roman réaliste:
L'écrivain réaliste construit son récit, présente ses personnages de manière à donner au lecteur l'impression de la réalité. Les lieux de l’action appartiennent au monde réel; les personnages traversent des situations empruntées à la vie quotidienne.
Aux XVIe et XVIIe siècles, le roman réaliste, proche de la farce satirique et burlesque, donne une grande place au corps. Il montre au XVIIIe siècle le rôle de l'argent dans la société, pensez à Manon Lescaut de l’abbé Prévost. Au XIXe siècle, Balzac, Flaubert, Maupassant, Zola, les frères Goncourt démontent les mécanismes sociaux qui écrasent les individus, soulignent l'influence du milieu et de l'hérédité, font place — parfois dans de vastes fresques romanesques — ceux qui sont exclus: le peuple, les pauvres, les prostituées.
Les romanciers du XXe siècle poursuivront l'héritage des écrivains réalistes et naturalistes: représenter la réalité et « fouiller le vrai ».
VI- Le roman d'aventures:
Le roman d'aventures projette le lecteur dans un univers différent du sien. Il provoque le dépaysement à travers la diversité, la singularité des lieux ou entraîne l’action. Les rebondissements sont nombreux, les obstacles rencontrés obligent le héros à faire preuve d'audace et de courage, de ruse et de force.
Dans le roman de chevalerie, le héros part en quête de « l'aventure » pour montrer sa bravoure afin de conquérir le cœur de la dame aimée ou au service de Dieu dans la quête du Graal. Au XIXe siècle, Jules Verne intègre la science, associant l'exploration trépidante de la terre avec le développement des découvertes techniques. Au XXe siècle, Malraux et Saint-Exupéry renouvellent le roman d'aventures: refusant les médiocrités, les conventions sociales, l'aventurier s'engage dans un dépassement de soi. L’action est pour lui un défi qui donne un sens au monde. Tels sont les héros des Conquérants ou de Vol de nuit.
VII- Le roman policier:
L'usage de l'esprit scientifique, du raisonnement logique stimulé par la découverte d'un crime fait le plaisir du roman policier. À la société civilisée qui veut bannir toute violence, effacer tout désordre, le crime lance un défi. Un vol, une disparition, une mort brutale conduisent le héros à trouver des indices et des mobiles, interroger les suspects, résoudre l'énigme. Au terme de son enquête, la violence a été déchiffrée, l'ordre restauré... Le roman policier évolue du plaisir intellectuel d'identifier le coupable à l'exploration de l'univers glauque des mégapoles modernes: du roman à énigme au roman noir. C'est que les grands détectives, Sherlock Holmes (de C. Doyle), Rouletabille (de G. Leroux), Hercule Poirot (d'A. Christie), Maigret (de G. Simenon) ou Philip Marlowe (de R. Chandler), ne traquent pas tel ou tel criminel, mais le Mystère lui-même. À travers le brouillard, l'épaisseur d'un milieu, dans l'ombre où s'agitent les pulsions refoulées du monde moderne.
Fiche synthèse sur le roman : quelques éléments pour l’oral et la dissertation au baccalauréat
Introduction
Tout sujet s’articulera nécessairement autour de trois pôles :
L’écriture romanesque en tant que telle (spécifique en tant que genre et différente de l’écriture théâtrale ou poétique) avec ses outils spécifiques, le récit au passé, ou au présent, les descriptions, les dialogues, avec toutes les modulations possibles et la plasticité propre à ce genre (roman épistolaire, roman à la première personne, roman polyphonique (= à plusieurs voix narratives, etc.), les personnages que le roman met en place, leurs actions, leur identité, qui sont données à lire à travers le récit et les descriptions, la perception du monde qui résulte des deux points précédents. Perception qui est à la fois une vision (au sens subjectif), une représentation (un reflet) et une recréation (on ne représente jamais le monde tel qu’il est exactement).
Donc : même si le sujet semble n’évoquer qu’un seul point, ou les personnages ou la vision du monde, ou l’écriture romanesque dans sa spécificité, il faudra dans votre réflexion articuler les trois aspects : écriture romanesque, personnages et vision du monde.
1. Si le roman est une œuvre littéraire, il peut aussi être considéré comme une façon d’explorer à la fois l’homme et ses multiples facettes, ainsi que le monde.
Ainsi chaque roman constitue-t-il de façon implicite ou explicite, et pour le romancier de façon consciente ou inconsciente, une « vision du monde », ce que l’on appelle en allemand une « Weltanschaaung » (c’est un terme de philosophie que vous reverrez l’année prochaine). Toute théorie, philosophique ou scientifique, possède une « vision du monde ». Or, sans avoir recours à l’abstraction ou aux concepts comme on le fait dans l’essai ou dans une œuvre philosophique, le roman élabore une réflexion sur le monde. On peut dire que le roman est la forme littéraire privilégiée pour cette « vision du monde » grâce aux personnages qui vont évoluer dans ce monde et percevoir le réel. Ainsi, grâce aux personnages, à leurs façons d’analyser le monde et de réagir par rapport à lui et d’interagir, grâce à leurs sentiments et leurs pensées (grâce à la focalisation interne notamment), le lecteur va-t-il se faire une idée de la « vision du monde » élaborée par le roman. Le personnage joue ainsi le rôle d’un filtre, d’une focale (comme on dit en photographie), qui permet au lecteur d’ajuster sa vision. Seul le roman par son ampleur, ses descriptions, et son jeu de focalisations variables (interne, externe, omnisciente) permet d’atteindre cette dimension de vision du monde kaléidoscopique. C’est au lecteur à tourner le Kaléidoscope pour re-constituer le monde. On voit la différence avec le théâtre qui n’a pas un « objectif » aussi vaste – espace scénique plus restreint et pas de focalisation, tous les discours sont à égalité, à plat sur l’espace scénique face au spectateur. Pas de mise en perspective par la voix narrative. Ainsi Proust voit-il le monde à travers la question de la mondanité, de la mémoire et de la vérité dans l’art. Chez Zola, le monde est analysé à travers le déterminisme de l’hérédité génétique ; chez Sartre et Camus c’est la question ontologique qui est posée : qu’est-ce que l’être de l’homme ?
2. Il est important de comprendre que représentation de l’homme et « vision du monde » sont liées.
La vision du monde ou plutôt les visions du monde, et les représentations de l’homme varient en fonction des époques et des idéologies. Selon les époques, l’homme va être défini comme une entité plutôt culturelle (l’homme est ce qu’il sait), ou plutôt sociale (l’homme est défini par la société, voire la classe à laquelle il appartient), ou psychologique (il est défini par son caractère), ou par ce qu’il possède (l’homme est ce qu’il a) ou par ses actions : tout dépend des valeurs que l’on considère comme essentielles à un moment donné.
Les représentations de l’homme ont beaucoup évolué depuis le XVIe siècle (naissance du roman moderne, avec Cervantès et Rabelais, qui représente l’homme à la différence des mythes et de l’épopée qui représentent les dieux et les héros). Ainsi les géants de Rabelais représentent-ils d’une manière burlesque les idéaux de l’humanisme de la Renaissance. Les héros de Zola ou de Balzac évoluent dans un monde qui ressemble au réel des lecteurs de l’époque (illusion réaliste) : Paris du XIXe dans La Peau de chagrin (Balzac), et dans Le Ventre de Paris (Zola) ou dans Notre-Dame de Paris (Victor Hugo), l’univers des gares et du rail dans La Bête humaine, les grands magasins dans Au Bonheur des dames, Oran dans La Peste (Camus), etc. Dans le roman moderne, à la différence de l’épopée et des mythes, l’homme est ancré dans le monde dans lequel il vit. Même chez Rabelais, Gargantua se rend à Paris et mène les guerres contre Pichrocole dans une région qui ressemble à la Touraine. Ainsi le lecteur est-il habitué à lire le roman avec deux paires de lunettes qu’il utilise l’une sur l’autre (et non successivement) : avec l’une il sait qu’il lit de la fiction et que cette fiction est parfaitement autonome du monde extérieur réel ; avec l’autre paire, le lecteur se dit, à juste titre, que ce monde fictif, séparé du monde réel, a bien un rapport avec ce monde réel.
Le roman consiste donc à proposer au lecteur un rapport au monde à travers les personnages. Au XVIe siècle, l’identité (le moi) passe en grande partie par l’acquisition de connaissances. Voilà pourquoi le géant Gargantua passe son temps à apprendre auprès de différents précepteurs. C’est l’idéal humaniste : l’homme est un être de culture.
Au XVIIe siècle, dans le roman classique (La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette), l’homme incarne des valeurs morales : l’honneur, le devoir, le courage, la « représentation » de sa classe. Seules ces valeurs permettent à l’homme de se réaliser ou au contraire de déchoir.
Le XVIIIe siècle est marqué d’abord par l’ouverture, le décentrement : par la technique de « l’œil neuf », Usbek et Ricca, les Persans des Lettres Persanes permettent aux Occidentaux de se mirer dans le regard de l’autre. Le monde européen s’ouvre à l’altérité : perception de la différence des mentalités et des coutumes, mais également affirmation de l’équivalence entre les valeurs européennes et les autres. Le second courant qui marque le siècle des Lumières est l’aspiration au bonheur, à la réalisation de soi : d’où la prolifération des romans à la première personne (La Vie de Marianne de Marivaux) et la vogue des romans épistolaires qui permettent la coexistence de plusieurs « moi » (polyphonie narrative des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos). L’éclatement des voix narratives et l’éclatement de la vision autocentrée du monde permettent l’éclosion de visions individuelles et du relativisme des valeurs.
Au XIXe, l’identité se constitue autour de la situation sociale et de l’état civil. C’est la bourgeoisie et ses valeurs qui constituent l’idéologie dominante. Les romans évoquent donc l’ascension sociale réussie (Vautrin et Rastignac chez Balzac), ou ratée (Julien Sorel dans Le Rouge et le Noir). Les rapports entre les personnages sont marqués par l’argent (Le Père Goriot et ses filles dans Le Père Goriot de Balzac), par les luttes des classes pour reprendre la terminologie marxiste (Germinal de Zola). L’expansion économique et urbaine sont au cœur de l’univers romanesque (Zola toujours).
A ce moment-là de l’histoire du roman, la prolifération de l’écriture romanesque, sous la forme de La Comédie humaine chez Balzac, ou celle de l’arbre généalogique chez Zola (Les Rougon-Macquart), cette prolifération représente l’assomption du roman : celui-ci atteint ce moment d’équilibre parfait où il ne fait plus qu’un avec le monde (au moins imaginairement). Les personnages y ont une identité pleine : un nom d’état-civil, une filiation, une identité sociale. Le roman est alors à son zénith : le mirage de l’équivalence entre le monde et le roman est très fort.
Pour mesurer le chemin qui va être parcouru jusqu’à la fin du XXème siècle, c’est-à-dire jusqu’au XXIe, disons tout de suite que cette illusion va s’évanouir, emportant avec elle dans sa disparition l’identité du personnage romanesque. Prenons l’exemple de Magnus, le héros du roman éponyme de Sylvie Germain qui paraît emblématique de cet évanouissement de l’identité : disons même qu’il l’incarne. Magnus ne connaît ni son nom, ni son prénom ; pendant les bombardements de Hambourg il a vu sa mère brûler vive. Il en a perdu la mémoire. Par-dessus cette amnésie traumatique, sa famille adoptive bâtira le mensonge (une fiction, donc une sorte de roman) d’une identité fictive (Franz-Georg Dunkeltal) qu’il mettra longtemps à déceler comme telle. A la fin du roman, le personnage que le lecteur a suivi dans sa quête d’identité ne trouvera pas son nom. Sylvie Germain offre donc à travers l’histoire de Magnus, l’homme sans nom, l’allégorie de ce qui est arrivé au personnage : après avoir renoncé aux mirages d’une fausse identité (l’illusion réaliste), le personnage romanesque du XXIe siècle souffre d’une identité floue, perdue, mais n’arrivera jamais à reconquérir les certitudes identitaires d’autrefois. C’est que Sigmund Freud a découvert l’inconscient en 1900 (L’Interprétation du rêve marque la naissance de la psychanalyse à l’orée du XXe siècle) : l’homme n’est plus un, il est divisé, (conscient/inconscient). Ses actions, ses désirs, sa personnalité même peuvent être déterminés par quelque chose qui est en lui, mais qui lui échappe totalement : son inconscient. On voit que cette découverte peut semer le trouble jusque dans l’identité des personnages romanesques.
De plus, le XXe siècle, bouleversé par les séismes des deux guerres mondiales (qui entraîneront chacune derrière elle une moisson de romans) est une période de doute sur le monde et sur les valeurs qui l’organisent. Les romanciers s’interrogent sur les séismes politiques (la révolution chinoise dans La Condition humaine de Malraux), le nazisme et le totalitarisme et leurs cortèges d’horreurs concentrationnaires. Au XXe siècle, l’homme se définit par ses actions (chez Sartre, Camus, Malraux, on trouve des héros engagés dans l’action, y compris terroriste) ou par son langage (Bardamu dans Voyage au bout de la nuit de Céline). Au XXIe siècle, la question du terrorisme, de ses manifestations et de ses sources fournit aux romanciers le matériau d’une nouvelle interrogation sur le mal qui règne dans le monde (Yasmina Khadra, Khaled Hosseini, Hubert Haddad, Alaa El Aswani) .
Conclusion
Puisque la forme romanesque a évolué en fonction des représentations dominantes de l’époque, le lecteur peut y trouver un écho ou une annonce du monde dans lequel il vit. Des solutions incomplètes, imparfaites, mais souvent pertinentes aux questions qu’il se pose sur le monde et sa propre identité lui sont offertes. A lui de les reconstruire.
Genres littéraires: le roman
Présentation rapide de chaque genre romanesque
I -Introduction:
Depuis les romans de chevalerie du Moyen Age, le roman n'a cessé de se diversifier, montrant un dynamisme exceptionnel tout au long de son histoire.
Le roman répond au désir d'évasion du lecteur, mais il rencontre également les préoccupations du temps, anticipe sur les mutations de la société, dénonce les conventions sociales en leur opposant les vérités profondes des désirs et des passions. Humour, passion, engagement: la vitalité du roman se manifeste à travers le renouvellement des formes et des situations romanesques, à travers les prises de conscience qu'il suscite chez le lecteur, la quête des valeurs nouvelles qu'il lui propose.
La diversité des genres romanesques témoigne de cette formidable énergie du roman.
II- Le roman d'analyse:
Le roman d'analyse se consacre à explorer les sentiments de personnages souvent partagés entre l'amour et la vertu, le désir et le renoncement. Dans un décor resserré, le roman d'analyse décrit leurs réactions devant une passion soudaine qui les déborde, un choix de vie difficile. Anxieux, tourmentés, les personnages interprètent les attitudes, les paroles, les regards des autres; ils s'analysent eux-mêmes, avec exigence, avec lucidité.
Écrit dans un style sobre et dépouillé, le roman d'analyse s'illustre au XVIIe siècle avec La Princesse de Clèves de Mme de La Fayette, dans un siècle qui aime l'étude des caractères (Pensez aux Caractères de La Bruyère à la même époque). On le retrouve à l'époque romantique, mais aussi au XXe siècle avec, par exemple, La Porte étroite d'André Gide.
II- Le roman par lettres:
Les personnages rapportent leurs découvertes, confient leurs émotions, entretiennent le dialogue avec un être cher. Si la lettre est l'occasion de rapporter directement un témoignage, d'exprimer un sentiment, elle est aussi moyen de séduction, conquête du destinataire. Dans le roman par lettres, l'échange des lettres multiplie les points de vue, fait avancer l'action. Lettres secrètes, perdues, interceptées: les intrigues se croisent, le roman progresse à travers le jeu subtil des correspondances.
Le roman par lettres connaît son plein essor au XVIIIe siècle qui privilégie l'échange des idées et des sentiments. Ironie philosophique, exaltation des passions amoureuses, stratégies du libertinage, le roman épistolaire donne ses chefs-d'œuvre: les Lettres persanes de Montesquieu, La Nouvelle Héloïse de Rousseau, Les Liaisons dangereuses de Laclos.
III- Le roman autobiographique:
Il ne faut pas confondre le roman autobiographique avec l’autobiographie d'un écrivain qui fait le récit de sa propre vie. Le roman autobiographique met en scène un personnage fictif qui, arrivé au terme de son existence, raconte son histoire au lecteur à la première personne. Avec ses succès, ses échecs, le héros traverse les milieux les plus divers, tandis que l'écrivain joue du regard que le narrateur vieillissant porte sur le jeune homme - enthousiaste, amoureux - qu'il a été.
Dans la première partie du XVIIIe siècle se multiplient les romans autobiographiques: Gil Blas de Santillane de Lesage, Le Paysan parvenu de Marivaux. Au XIXe, Chateaubriand, le romantique, le reprend dans son roman René, Balzac dans Le Lys dans la vallée et au XXe, Proust dans La recherche du temps perdu. Nombreux sont les écrivains qui aujourd'hui rapportent ainsi l'itinéraire social, sentimental de leur héros
IV- Le roman historique:
Faire revivre le passé, recréer l'atmosphère d'une époque disparue: le romancier offre alors au lecteur un univers romanesque ancré dans l'Histoire. Les personnages fictifs croisent des personnages historiques, évoluent dans un cadre minutieusement reconstitué. Le pittoresque des lieux, des objets, le charme du dépaysement s'ajoutent à l'évocation des conflits politiques et militaires, des structures sociales, des confrontations idéologiques qui ont animé une époque.
Si dès le XVIIe siècle les lecteurs apprécient les romans historiques, comme ceux de Mme de Lafayette, c'est au XIXe siècle que le genre triomphe: le siècle du Progrès se penche sur son Histoire. Les musées se multiplient; le mouvement romantique redécouvre l'Antiquité et le Moyen Age. Des écrivains prestigieux, Hugo, Dumas, Barbey d'Aurevilly, Alfred de Vigny, des romanciers populaires comme Paul Feval illustrent ainsi le roman historique.
V- Le roman réaliste:
L'écrivain réaliste construit son récit, présente ses personnages de manière à donner au lecteur l'impression de la réalité. Les lieux de l’action appartiennent au monde réel; les personnages traversent des situations empruntées à la vie quotidienne.
Aux XVIe et XVIIe siècles, le roman réaliste, proche de la farce satirique et burlesque, donne une grande place au corps. Il montre au XVIIIe siècle le rôle de l'argent dans la société, pensez à Manon Lescaut de l’abbé Prévost. Au XIXe siècle, Balzac, Flaubert, Maupassant, Zola, les frères Goncourt démontent les mécanismes sociaux qui écrasent les individus, soulignent l'influence du milieu et de l'hérédité, font place — parfois dans de vastes fresques romanesques — ceux qui sont exclus: le peuple, les pauvres, les prostituées.
Les romanciers du XXe siècle poursuivront l'héritage des écrivains réalistes et naturalistes: représenter la réalité et « fouiller le vrai ».
VI- Le roman d'aventures:
Le roman d'aventures projette le lecteur dans un univers différent du sien. Il provoque le dépaysement à travers la diversité, la singularité des lieux ou entraîne l’action. Les rebondissements sont nombreux, les obstacles rencontrés obligent le héros à faire preuve d'audace et de courage, de ruse et de force.
Dans le roman de chevalerie, le héros part en quête de « l'aventure » pour montrer sa bravoure afin de conquérir le cœur de la dame aimée ou au service de Dieu dans la quête du Graal. Au XIXe siècle, Jules Verne intègre la science, associant l'exploration trépidante de la terre avec le développement des découvertes techniques. Au XXe siècle, Malraux et Saint-Exupéry renouvellent le roman d'aventures: refusant les médiocrités, les conventions sociales, l'aventurier s'engage dans un dépassement de soi. L’action est pour lui un défi qui donne un sens au monde. Tels sont les héros des Conquérants ou de Vol de nuit.
VII- Le roman policier:
L'usage de l'esprit scientifique, du raisonnement logique stimulé par la découverte d'un crime fait le plaisir du roman policier. À la société civilisée qui veut bannir toute violence, effacer tout désordre, le crime lance un défi. Un vol, une disparition, une mort brutale conduisent le héros à trouver des indices et des mobiles, interroger les suspects, résoudre l'énigme. Au terme de son enquête, la violence a été déchiffrée, l'ordre restauré... Le roman policier évolue du plaisir intellectuel d'identifier le coupable à l'exploration de l'univers glauque des mégapoles modernes: du roman à énigme au roman noir. C'est que les grands détectives, Sherlock Holmes (de C. Doyle), Rouletabille (de G. Leroux), Hercule Poirot (d'A. Christie), Maigret (de G. Simenon) ou Philip Marlowe (de R. Chandler), ne traquent pas tel ou tel criminel, mais le Mystère lui-même. À travers le brouillard, l'épaisseur d'un milieu, dans l'ombre où s'agitent les pulsions refoulées du monde moderne.
Revoir les registres : particulièrement pathétique et lyrique (parfois pour les reconnaître dans un texte à commenter parfois pour les recréer dans l'invention ... Ne pas chercher seulement la définition que vous devez déjà connaître mais retenir les procédés littéraires qui les définissent (là encore essentiels à reconnaître dans un commentaire, et à reproduire dans une invention).
Exemple le registre pathétique:
Un texte relève du registre pathétique lorsqu'il vise à susciter l'émotion et la pitié du lecteur (ou du spectateur dans le cas d'un texte de théâtre). Les principaux procédés du registre pathétique sont:
• les marques de la première personne, qui dévoile le cœur du personnage;
l’évocation d'une situation douloureuse pour les personnages;
le champ lexical de la douleur;
la ponctuation affective : ou bien les phrases exclamatives, qui traduisent une douleur exacerbée; ou bien les phrases interrogatives qui mettent en évidence le désarroi du personnage;
• les hyperboles qui soulignent le malheur.
Faites de même pour les autres registres.
Les outils d'analyse du roman à revoir pour jeudi:
Commencez par ceux qui sont spécifiques au genre romanesque. Quel type de narration est employé? Quel est le point de vue adopté? -
Narrationet / points de vue
Le narrateur est celui qui raconte l'histoire. Deux cas de figure peuvent se présenter: soit le narrateur est un personnage de l'histoire qui participe, de près ou de loin, à l'action; soit le narrateur est externe à l'histoire, ce n'est pas un personnage et il ne participe pas à l'action, Le narrateur externe s'exprime alors de manière anonyme à la troisième personne. Dans ce cas, il peut adopter trois points de vue différents, ou focalisation.
• Focalisation externe: le narrateur essaie d'être le plus objectif/possible. Il décrit la scène comme un témoin extérieur, comme s'il ne connaissait rien des personnages, de leurs sentiments ou motivations. C'est au lecteur d'interpréter ce qui lui est présenté.
• Focalisation interne: le narrateur anonyme adopte alors le point de vue d'un personnage, rapporte sa vision des événements de manière subjective. Le narrateur peut adopter successivement le point de vue de plusieurs personnages.
• Focalisation zéro: le narrateur est omniscient, c'est-à-dire qu'il sait tout sur tous les personnages: leur passé, leur présent, leur avenir, leurs rêves, leurs pensées.
Revoyez ce qui constitue un héros de roman (héros veut souvent dire dans les romans contemporains: personnage principal (n'est donc pas forcément doué de pouvoir surnaturels ou extraordinaires dans le sens du héros antique et ou du roman de chevalerie). Ce héros contemporain peut être "banal", "médiocre" voire même un anti-héros (dans le sens justement où il ne peut pas "agir", "surmonter" les épreuves apportées par la vie ...
Le Personnage De Roman
Un personnage est un être de papier, une construction littéraire faite de mots ; mais, dans le roman, grâce aux techniques de représentation réaliste, il acquiert une « épaisseur », une « densité » (descriptions physiques, notations psychologiques, paroles rapportées) : dès lors, le lecteur peut croire à son existence réelle ou du moins vraisemblable, et il peut s’identifier à lui.
L’étude du personnage, en particulier celle du héros, ouvre sur une certaine vision de l’homme, de ce qui fait l’identité, le sens de la vie. A travers lui, le romancier nous permet de réfléchir sur nous-mêmes et aussi sur la société et le monde qui nous entourent.
Le personnage d'un récit n'existe pas par lui-même mais dans ses relations d'opposition ou de ressemblance avec d'autres personnages : ils forment un système qu'il faut mettre à plat pour mieux comprendre ce qui se dit à travers lui.
Les différents types de héros
Caractéristiques
Le héros positif
Porteur de valeurs, il se distingue par des qualités exceptionnelles, physiques ou morales. Le lecteur est incité à s’identifier à lui.
Le héros négatif Dépourvu de sens moral, il peur faire preuve de violence et de cruauté. Sans s’identifier à lui, le lecteur reste fasciné et est amené à réfléchir sur ses propres tendances obscures.
L’antihéros Il se présent comme un être banal et ordinaire, évoluant dans un monde qui le dépasse ou dans un univers quotidien sans relief. Le lecteur est ainsi amené à réfléchir sur la société dans laquelle il vit, sur ses propres limites, sur sa condition.
Le héros collectif Un groupe d’individus ou une collectivité unie par les mêmes valeurs. Le lecteur s’identifie aux valeurs incarnées par le groupe.
La construction littéraire du personnage
1) Une identité sociale
Le romancier attribue un état civil à ses personnages : origines, nom, âge, situation de famille, métier. Ces données vont confirmer l’univers du roman et conditionner ses enjeux, sa signification d’ensemble. Exemple : dans Germinal, Zola choisit de représenter les mineurs au XIXè siècle et donne ainsi à son roman un sens politique et social.
2) Des traits physiques et psychologiques
Ensemble des traits physiques et psychologiques du personnage, présentés soit de manière directe par le biais du portrait soit de manière indirecte à travers les détails du récit, comportement, paroles, actions. Doté d’un physique précis et d’un caractère que le lecteur peut imaginer, le personnage acquiert ainsi une certaine consistance, une certain épaisseur, et crée l’illusion réaliste.
3) Une évolution
Le roman raconte le cheminement du héros qui correspond le plus souvent à une évolution, une transformation de sa personnalité, de ses connaissances, de ses valeurs, de son rapport au monde.
> Toutes ces caractéristiques sont à étudier de façon à comprendre tout ce qui s'exprime à travers le personnage.
Distribution et fonction des personnages : le schéma actanciel
Héritier de l’épopée, le roman s’organise le plus souvent comme elle autour d’un personnage principal, le héros, qui poursuit un objectif plus ou moins apparent, qui cherche à réaliser un projet: c’est la quête qui vise à atteindre un autre personnage : l'objet (ex : conquérir une femme, abattre un ennemi, s'élever socialement donc être quelqu'un d'autre....).
La quête peut-être commandée par un autre personnage qui mobilise le héros, c'est l'émetteur (ou destinateur).
Elle a lieu au profit de certains personnages, les bénéficiaires (ou destinataires).
Par rapport à cette quête les autres personnages vont avoir différentes fonctions : ceux qui aident le héros dans sa quête sont les adjuvants ; ceux qui entravent le projet sont des opposants.
>>> Cette analyse permet de mettre à plat des rapports de force qui organisent l'action.
Attention : un même personnage peut occuper plusieurs place (par exemple le héros est en même temps l'objet de la quête, les adjuvants sont les bénéficiaires, un adjuvant devient opposant, etc).
Signification du personnage et de sa trajectoire : une représentation de l’homme
Le personnage de roman, suivant les époques, incarne toujours une certaine conception de la personne, de ce qui fait sa consistance, son identité ; il renvoie à une certaine idée de l’homme, propre au romancier ou à son époque. Quelques exemples :
Le roman est centré sur l’évolution et l’apprentissage du personnage
> Représentation des mutations possibles de l’individu, de ses prises de conscience et de sa capacité à changer. Il faut alors bien identifier les facteurs profonds de la transformation.
> Idée que la vie a un sens, qu’elle progresse, s’oriente par rapport à une finalité. L’histoire, le parcours du héros peut ainsi atteindre la dimension de la légende ou du mythe.
Ex : Don Quichotte, rêveur idéaliste, défenseur des opprimés
Le roman est orienté vers la constitution du personnage en type social, représentant d’un groupe
> Le roman a une dimension sociale et politique, il permet de présenter la vision que l’auteur a de la société et de transmettre son point de vue, d’inciter éventuellement les contemporains à une prise de conscience (= littérature engagée)
> Idée que le destin individuel est conditionné par le groupe social auquel on appartient, que l’on est toujours intimement lié à une communauté humaine
Le roman est centré sur l’analyse des sentiments et des passions du héros
> Le roman se présente comme un outil de compréhension de l’humain. Il peut avoir parfois les allures d’une étude. Il donne au lecteur l’occasion d’explorer sa propre psychologie.
> Idée que les événements de notre vie ne sont pas purement accidentels ; ils sont reliés par la logique de la psyché : motivations conscientes et déterminations inconscientes de l’individu.
Historique de la place et des caractéristiques du personnage à travers les siècles
Moyen-Âge-XVIè siècle
Les romans de chevalerie sont des épopées qui reposent sur la quête héroïque menée par des personnages simplifiés, , héritiers des demi-dieux de la mythologie, dotés de qualités surhumaines, modèles qui suscitent l’admiration morale (ex : La chanson de Roland). Ils sont porteurs d’une vision très idéaliste de l’homme.
XVIIè-XVIIIè siècles
Les histoires proposées sont plus complexes, plus chaotiques, et la personnalité s’affine par l’étude des passions qui animent le personnage, et la reconnaissance des faiblesses humaines, mais l’idéalisation est encore présente : le personnage romanesque éprouve des sentiments élevés, témoigne de qualités exceptionnelles et illustre les valeurs morales de son époque. Le roman cherche encore à se faire une place parmi les grands genres littéraires traditionnels.
XIXè siècle
C’est l’âge d’or du roman, enfin reconnu comme un genre à part entière. La vision idéaliste laisse place à des personnages réalistes, communs. Le roman ne cherche plus à camper des modèles : il veut désormais rendre compte du monde réel. Le maître mot est désormais : « vraisemblable ». Le courant réaliste, soucieux de peindre le contexte politico-social, met en évidence la dépendance des individus à leur époque, leur milieu et leurs origines. La personne est conçue comme le produit de ces déterminations. Les personnages romanesques sont souvent des synthèses, des types qui incarnent un groupe social.
Avec le romantisme s’affirment les valeurs individualistes : on voit apparaître l’originalité d’un parcours et la complexité des facteurs d’évolution, en particulier la dimension psychologique.
XXè siècle
Exploration des profondeurs de l’âme, de la conscience intime, subjective qui conduit à une interrogation sur l’identité et sur les moteurs inconscients de l’existence. Les héros romanesques sont souvent confrontés à l’absence de sens : ils ne comprennent pas la société qui les entoure et se sentent en décalage, ou bien leur existence elle-même apparaît comme absurde ; ils n’ont plus de prise sur leur destin. Dans le nouveau roman, le personnage moderne va jusqu’à perdre son nom, son identité ses valeurs. On parle de crise du personnage.
2°) Etude d'un roman
Pour analyser un roman, il faut le situer parmi ces différents genres afin de mieux saisir les intentions de l'auteur.
- Celui-ci peut prétendre décrire des êtres et un monde réel. Le choix qu'il fera alors des milieux, des profils psychologiques et des destinées sera révélateur du jugement qu'il porte sur son temps.
- Il peut au contraire fuir cette réalité et inventer un univers idéal ou atroce trahissant ainsi ses aspirations ou ses craintes.
- Il peut chercher à défendre des thèses, à exposer des théories philosophiques en les incarnant dans des personnages.
Par ailleurs, le choix faits par les romanciers sont révélateurs de la conscience qu'une époque a d'elle-même sous la pression des évènements historiques, des relations économiques et sociales. Cette vision philosophique est souvent communes à des courants littéraires. La désintégration du personnage peut correspondre par exemple au sentiment qu'a l'homme contemporain d'être noyé dans un univers qu'il ne maîtrise plus.
L'étude d'un roman ou d'un extrait de roman suppose un travail particulier, qui peut être mené selon trois axes: l'étude des personnages (en particulier le héros), l'étude du déroulement de l'action et des descriptions.
a) L'étude des personnages, en particulier celle du héros:
Un personnage de roman n'est pas réel, c'est un être d'encre et de papier qui n'existe qu'à travers ce que lui fait dire et faire l'auteur. Cependant le charme du roman tient à ce que les lecteurs succombent à l'illusion romanesque et réagissent face aux personnages du roman comme s'il s'agissait de personnes. Pour bien comprendre comment procède les romanciers pour créer cette illusion, vous devez vous poser les questions suivantes: qui en parle? qui le voit? comment est-il caractérisé (physique, psychologie)?
b) L'étude du déroulement de l'action:
Il faut être particulièrement attentif:
- au début et à la fin du roman: étudier le lieu, le temps, et les personnages. Il faut faire des comparaisons pour apprécier si début et fin entretiennent des rapports de ressemblance ou de divergence.
- aux différentes étapes de l'état initial à l'état final.
- à la composition du roman: y a-t-il ou non des parties, des chapitres? Ont-ils un titre? Sont-ils de mêmes longueurs?
- à la durée du roman: se déroule-t-il sur quelques jours, des années?
- au rythme du roman: les événements se succèdent-ils sur un rythme rapide ou bien le récit est-il fréquemment interrompu par des pauses descriptives?
c) Les descriptions:
Les passages descriptifs étant particulièrement importants, pour chaque description vous vous demanderez:
- Qu'est-ce qui est décrit?
- Qui regarde?
- Dans quel ordre se fait la description?
- Quels sont les champs lexicaux les plus sollicités?
- Quel est l'effet produit par la description?
- Quelle est la fonction de la description: sert-elle seulement à fixer le cadre du récit ou contribue-t-elle également à caractériser un personnage?
Pour chacune de ces rubriques, vous rédigerez une fiche de commentaires fondée sur les relevés que vous aurez faits.
3°) L'étude de la portée du roman
Les romans qui sont le plus souvent proposés à votre appréciation sont des textes du XIXe ou du XXe siècle. Vous vous demanderez quels sont les thèmes (sociaux, historiques, psychologiques, moraux) que le roman aborde et quelle(s) vision(s) de l'individu et de la société il propose. Rédigez une fiche pour les thèmes qui vous auront semblé dominants dans le roman que vous avez étudié.
Genres littéraires: le roman
Présentation rapide de chaque genre romanesque
I -Introduction:
Depuis les romans de chevalerie du Moyen Age, le roman n'a cessé de se diversifier, montrant un dynamisme exceptionnel tout au long de son histoire.
Le roman répond au désir d'évasion du lecteur, mais il rencontre également les préoccupations du temps, anticipe sur les mutations de la société, dénonce les conventions sociales en leur opposant les vérités profondes des désirs et des passions. Humour, passion, engagement: la vitalité du roman se manifeste à travers le renouvellement des formes et des situations romanesques, à travers les prises de conscience qu'il suscite chez le lecteur, la quête des valeurs nouvelles qu'il lui propose.
La diversité des genres romanesques témoigne de cette formidable énergie du roman.
II- Le roman d'analyse:
Le roman d'analyse se consacre à explorer les sentiments de personnages souvent partagés entre l'amour et la vertu, le désir et le renoncement. Dans un décor resserré, le roman d'analyse décrit leurs réactions devant une passion soudaine qui les déborde, un choix de vie difficile. Anxieux, tourmentés, les personnages interprètent les attitudes, les paroles, les regards des autres; ils s'analysent eux-mêmes, avec exigence, avec lucidité.
Écrit dans un style sobre et dépouillé, le roman d'analyse s'illustre au XVIIe siècle avec La Princesse de Clèves de Mme de La Fayette, dans un siècle qui aime l'étude des caractères (Pensez aux Caractères de La Bruyère à la même époque). On le retrouve à l'époque romantique, mais aussi au XXe siècle avec, par exemple, La Porte étroite d'André Gide.
II- Le roman par lettres:
Les personnages rapportent leurs découvertes, confient leurs émotions, entretiennent le dialogue avec un être cher. Si la lettre est l'occasion de rapporter directement un témoignage, d'exprimer un sentiment, elle est aussi moyen de séduction, conquête du destinataire. Dans le roman par lettres, l'échange des lettres multiplie les points de vue, fait avancer l'action. Lettres secrètes, perdues, interceptées: les intrigues se croisent, le roman progresse à travers le jeu subtil des correspondances.
Le roman par lettres connaît son plein essor au XVIIIe siècle qui privilégie l'échange des idées et des sentiments. Ironie philosophique, exaltation des passions amoureuses, stratégies du libertinage, le roman épistolaire donne ses chefs-d'œuvre: les Lettres persanes de Montesquieu, La Nouvelle Héloïse de Rousseau, Les Liaisons dangereuses de Laclos.
III- Le roman autobiographique:
Il ne faut pas confondre le roman autobiographique avec l’autobiographie d'un écrivain qui fait le récit de sa propre vie. Le roman autobiographique met en scène un personnage fictif qui, arrivé au terme de son existence, raconte son histoire au lecteur à la première personne. Avec ses succès, ses échecs, le héros traverse les milieux les plus divers, tandis que l'écrivain joue du regard que le narrateur vieillissant porte sur le jeune homme - enthousiaste, amoureux - qu'il a été.
Dans la première partie du XVIIIe siècle se multiplient les romans autobiographiques: Gil Blas de Santillane de Lesage, Le Paysan parvenu de Marivaux. Au XIXe, Chateaubriand, le romantique, le reprend dans son roman René, Balzac dans Le Lys dans la vallée et au XXe, Proust dans La recherche du temps perdu. Nombreux sont les écrivains qui aujourd'hui rapportent ainsi l'itinéraire social, sentimental de leur héros
IV- Le roman historique:
Faire revivre le passé, recréer l'atmosphère d'une époque disparue: le romancier offre alors au lecteur un univers romanesque ancré dans l'Histoire. Les personnages fictifs croisent des personnages historiques, évoluent dans un cadre minutieusement reconstitué. Le pittoresque des lieux, des objets, le charme du dépaysement s'ajoutent à l'évocation des conflits politiques et militaires, des structures sociales, des confrontations idéologiques qui ont animé une époque.
Si dès le XVIIe siècle les lecteurs apprécient les romans historiques, comme ceux de Mme de Lafayette, c'est au XIXe siècle que le genre triomphe: le siècle du Progrès se penche sur son Histoire. Les musées se multiplient; le mouvement romantique redécouvre l'Antiquité et le Moyen Age. Des écrivains prestigieux, Hugo, Dumas, Barbey d'Aurevilly, Alfred de Vigny, des romanciers populaires comme Paul Feval illustrent ainsi le roman historique.
V- Le roman réaliste:
L'écrivain réaliste construit son récit, présente ses personnages de manière à donner au lecteur l'impression de la réalité. Les lieux de l’action appartiennent au monde réel; les personnages traversent des situations empruntées à la vie quotidienne.
Aux XVIe et XVIIe siècles, le roman réaliste, proche de la farce satirique et burlesque, donne une grande place au corps. Il montre au XVIIIe siècle le rôle de l'argent dans la société, pensez à Manon Lescaut de l’abbé Prévost. Au XIXe siècle, Balzac, Flaubert, Maupassant, Zola, les frères Goncourt démontent les mécanismes sociaux qui écrasent les individus, soulignent l'influence du milieu et de l'hérédité, font place — parfois dans de vastes fresques romanesques — ceux qui sont exclus: le peuple, les pauvres, les prostituées.
Les romanciers du XXe siècle poursuivront l'héritage des écrivains réalistes et naturalistes: représenter la réalité et « fouiller le vrai ».
VI- Le roman d'aventures:
Le roman d'aventures projette le lecteur dans un univers différent du sien. Il provoque le dépaysement à travers la diversité, la singularité des lieux ou entraîne l’action. Les rebondissements sont nombreux, les obstacles rencontrés obligent le héros à faire preuve d'audace et de courage, de ruse et de force.
Dans le roman de chevalerie, le héros part en quête de « l'aventure » pour montrer sa bravoure afin de conquérir le cœur de la dame aimée ou au service de Dieu dans la quête du Graal. Au XIXe siècle, Jules Verne intègre la science, associant l'exploration trépidante de la terre avec le développement des découvertes techniques. Au XXe siècle, Malraux et Saint-Exupéry renouvellent le roman d'aventures: refusant les médiocrités, les conventions sociales, l'aventurier s'engage dans un dépassement de soi. L’action est pour lui un défi qui donne un sens au monde. Tels sont les héros des Conquérants ou de Vol de nuit.
VII- Le roman policier:
L'usage de l'esprit scientifique, du raisonnement logique stimulé par la découverte d'un crime fait le plaisir du roman policier. À la société civilisée qui veut bannir toute violence, effacer tout désordre, le crime lance un défi. Un vol, une disparition, une mort brutale conduisent le héros à trouver des indices et des mobiles, interroger les suspects, résoudre l'énigme. Au terme de son enquête, la violence a été déchiffrée, l'ordre restauré... Le roman policier évolue du plaisir intellectuel d'identifier le coupable à l'exploration de l'univers glauque des mégapoles modernes: du roman à énigme au roman noir. C'est que les grands détectives, Sherlock Holmes (de C. Doyle), Rouletabille (de G. Leroux), Hercule Poirot (d'A. Christie), Maigret (de G. Simenon) ou Philip Marlowe (de R. Chandler), ne traquent pas tel ou tel criminel, mais le Mystère lui-même. À travers le brouillard, l'épaisseur d'un milieu, dans l'ombre où s'agitent les pulsions refoulées du monde moderne.
Fiche synthèse sur le roman : quelques éléments pour l’oral et la dissertation au baccalauréat
Introduction
Tout sujet s’articulera nécessairement autour de trois pôles :
L’écriture romanesque en tant que telle (spécifique en tant que genre et différente de l’écriture théâtrale ou poétique) avec ses outils spécifiques, le récit au passé, ou au présent, les descriptions, les dialogues, avec toutes les modulations possibles et la plasticité propre à ce genre (roman épistolaire, roman à la première personne, roman polyphonique (= à plusieurs voix narratives, etc.), les personnages que le roman met en place, leurs actions, leur identité, qui sont données à lire à travers le récit et les descriptions, la perception du monde qui résulte des deux points précédents. Perception qui est à la fois une vision (au sens subjectif), une représentation (un reflet) et une recréation (on ne représente jamais le monde tel qu’il est exactement).
Donc : même si le sujet semble n’évoquer qu’un seul point, ou les personnages ou la vision du monde, ou l’écriture romanesque dans sa spécificité, il faudra dans votre réflexion articuler les trois aspects : écriture romanesque, personnages et vision du monde.
1. Si le roman est une œuvre littéraire, il peut aussi être considéré comme une façon d’explorer à la fois l’homme et ses multiples facettes, ainsi que le monde.
Ainsi chaque roman constitue-t-il de façon implicite ou explicite, et pour le romancier de façon consciente ou inconsciente, une « vision du monde », ce que l’on appelle en allemand une « Weltanschaaung » (c’est un terme de philosophie que vous reverrez l’année prochaine). Toute théorie, philosophique ou scientifique, possède une « vision du monde ». Or, sans avoir recours à l’abstraction ou aux concepts comme on le fait dans l’essai ou dans une œuvre philosophique, le roman élabore une réflexion sur le monde. On peut dire que le roman est la forme littéraire privilégiée pour cette « vision du monde » grâce aux personnages qui vont évoluer dans ce monde et percevoir le réel. Ainsi, grâce aux personnages, à leurs façons d’analyser le monde et de réagir par rapport à lui et d’interagir, grâce à leurs sentiments et leurs pensées (grâce à la focalisation interne notamment), le lecteur va-t-il se faire une idée de la « vision du monde » élaborée par le roman. Le personnage joue ainsi le rôle d’un filtre, d’une focale (comme on dit en photographie), qui permet au lecteur d’ajuster sa vision. Seul le roman par son ampleur, ses descriptions, et son jeu de focalisations variables (interne, externe, omnisciente) permet d’atteindre cette dimension de vision du monde kaléidoscopique. C’est au lecteur à tourner le Kaléidoscope pour re-constituer le monde. On voit la différence avec le théâtre qui n’a pas un « objectif » aussi vaste – espace scénique plus restreint et pas de focalisation, tous les discours sont à égalité, à plat sur l’espace scénique face au spectateur. Pas de mise en perspective par la voix narrative. Ainsi Proust voit-il le monde à travers la question de la mondanité, de la mémoire et de la vérité dans l’art. Chez Zola, le monde est analysé à travers le déterminisme de l’hérédité génétique ; chez Sartre et Camus c’est la question ontologique qui est posée : qu’est-ce que l’être de l’homme ?
2. Il est important de comprendre que représentation de l’homme et « vision du monde » sont liées.
La vision du monde ou plutôt les visions du monde, et les représentations de l’homme varient en fonction des époques et des idéologies. Selon les époques, l’homme va être défini comme une entité plutôt culturelle (l’homme est ce qu’il sait), ou plutôt sociale (l’homme est défini par la société, voire la classe à laquelle il appartient), ou psychologique (il est défini par son caractère), ou par ce qu’il possède (l’homme est ce qu’il a) ou par ses actions : tout dépend des valeurs que l’on considère comme essentielles à un moment donné.
Les représentations de l’homme ont beaucoup évolué depuis le XVIe siècle (naissance du roman moderne, avec Cervantès et Rabelais, qui représente l’homme à la différence des mythes et de l’épopée qui représentent les dieux et les héros). Ainsi les géants de Rabelais représentent-ils d’une manière burlesque les idéaux de l’humanisme de la Renaissance. Les héros de Zola ou de Balzac évoluent dans un monde qui ressemble au réel des lecteurs de l’époque (illusion réaliste) : Paris du XIXe dans La Peau de chagrin (Balzac), et dans Le Ventre de Paris (Zola) ou dans Notre-Dame de Paris (Victor Hugo), l’univers des gares et du rail dans La Bête humaine, les grands magasins dans Au Bonheur des dames, Oran dans La Peste (Camus), etc. Dans le roman moderne, à la différence de l’épopée et des mythes, l’homme est ancré dans le monde dans lequel il vit. Même chez Rabelais, Gargantua se rend à Paris et mène les guerres contre Pichrocole dans une région qui ressemble à la Touraine. Ainsi le lecteur est-il habitué à lire le roman avec deux paires de lunettes qu’il utilise l’une sur l’autre (et non successivement) : avec l’une il sait qu’il lit de la fiction et que cette fiction est parfaitement autonome du monde extérieur réel ; avec l’autre paire, le lecteur se dit, à juste titre, que ce monde fictif, séparé du monde réel, a bien un rapport avec ce monde réel.
Le roman consiste donc à proposer au lecteur un rapport au monde à travers les personnages. Au XVIe siècle, l’identité (le moi) passe en grande partie par l’acquisition de connaissances. Voilà pourquoi le géant Gargantua passe son temps à apprendre auprès de différents précepteurs. C’est l’idéal humaniste : l’homme est un être de culture.
Au XVIIe siècle, dans le roman classique (La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette), l’homme incarne des valeurs morales : l’honneur, le devoir, le courage, la « représentation » de sa classe. Seules ces valeurs permettent à l’homme de se réaliser ou au contraire de déchoir.
Le XVIIIe siècle est marqué d’abord par l’ouverture, le décentrement : par la technique de « l’œil neuf », Usbek et Ricca, les Persans des Lettres Persanes permettent aux Occidentaux de se mirer dans le regard de l’autre. Le monde européen s’ouvre à l’altérité : perception de la différence des mentalités et des coutumes, mais également affirmation de l’équivalence entre les valeurs européennes et les autres. Le second courant qui marque le siècle des Lumières est l’aspiration au bonheur, à la réalisation de soi : d’où la prolifération des romans à la première personne (La Vie de Marianne de Marivaux) et la vogue des romans épistolaires qui permettent la coexistence de plusieurs « moi » (polyphonie narrative des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos). L’éclatement des voix narratives et l’éclatement de la vision autocentrée du monde permettent l’éclosion de visions individuelles et du relativisme des valeurs.
Au XIXe, l’identité se constitue autour de la situation sociale et de l’état civil. C’est la bourgeoisie et ses valeurs qui constituent l’idéologie dominante. Les romans évoquent donc l’ascension sociale réussie (Vautrin et Rastignac chez Balzac), ou ratée (Julien Sorel dans Le Rouge et le Noir). Les rapports entre les personnages sont marqués par l’argent (Le Père Goriot et ses filles dans Le Père Goriot de Balzac), par les luttes des classes pour reprendre la terminologie marxiste (Germinal de Zola). L’expansion économique et urbaine sont au cœur de l’univers romanesque (Zola toujours).
A ce moment-là de l’histoire du roman, la prolifération de l’écriture romanesque, sous la forme de La Comédie humaine chez Balzac, ou celle de l’arbre généalogique chez Zola (Les Rougon-Macquart), cette prolifération représente l’assomption du roman : celui-ci atteint ce moment d’équilibre parfait où il ne fait plus qu’un avec le monde (au moins imaginairement). Les personnages y ont une identité pleine : un nom d’état-civil, une filiation, une identité sociale. Le roman est alors à son zénith : le mirage de l’équivalence entre le monde et le roman est très fort.
Pour mesurer le chemin qui va être parcouru jusqu’à la fin du XXème siècle, c’est-à-dire jusqu’au XXIe, disons tout de suite que cette illusion va s’évanouir, emportant avec elle dans sa disparition l’identité du personnage romanesque. Prenons l’exemple de Magnus, le héros du roman éponyme de Sylvie Germain qui paraît emblématique de cet évanouissement de l’identité : disons même qu’il l’incarne. Magnus ne connaît ni son nom, ni son prénom ; pendant les bombardements de Hambourg il a vu sa mère brûler vive. Il en a perdu la mémoire. Par-dessus cette amnésie traumatique, sa famille adoptive bâtira le mensonge (une fiction, donc une sorte de roman) d’une identité fictive (Franz-Georg Dunkeltal) qu’il mettra longtemps à déceler comme telle. A la fin du roman, le personnage que le lecteur a suivi dans sa quête d’identité ne trouvera pas son nom. Sylvie Germain offre donc à travers l’histoire de Magnus, l’homme sans nom, l’allégorie de ce qui est arrivé au personnage : après avoir renoncé aux mirages d’une fausse identité (l’illusion réaliste), le personnage romanesque du XXIe siècle souffre d’une identité floue, perdue, mais n’arrivera jamais à reconquérir les certitudes identitaires d’autrefois. C’est que Sigmund Freud a découvert l’inconscient en 1900 (L’Interprétation du rêve marque la naissance de la psychanalyse à l’orée du XXe siècle) : l’homme n’est plus un, il est divisé, (conscient/inconscient). Ses actions, ses désirs, sa personnalité même peuvent être déterminés par quelque chose qui est en lui, mais qui lui échappe totalement : son inconscient. On voit que cette découverte peut semer le trouble jusque dans l’identité des personnages romanesques.
De plus, le XXe siècle, bouleversé par les séismes des deux guerres mondiales (qui entraîneront chacune derrière elle une moisson de romans) est une période de doute sur le monde et sur les valeurs qui l’organisent. Les romanciers s’interrogent sur les séismes politiques (la révolution chinoise dans La Condition humaine de Malraux), le nazisme et le totalitarisme et leurs cortèges d’horreurs concentrationnaires. Au XXe siècle, l’homme se définit par ses actions (chez Sartre, Camus, Malraux, on trouve des héros engagés dans l’action, y compris terroriste) ou par son langage (Bardamu dans Voyage au bout de la nuit de Céline). Au XXIe siècle, la question du terrorisme, de ses manifestations et de ses sources fournit aux romanciers le matériau d’une nouvelle interrogation sur le mal qui règne dans le monde (Yasmina Khadra, Khaled Hosseini, Hubert Haddad, Alaa El Aswani) .
Conclusion
Puisque la forme romanesque a évolué en fonction des représentations dominantes de l’époque, le lecteur peut y trouver un écho ou une annonce du monde dans lequel il vit. Des solutions incomplètes, imparfaites, mais souvent pertinentes aux questions qu’il se pose sur le monde et sa propre identité lui sont offertes. A lui de les reconstruire.
Genres littéraires: le roman
Présentation rapide de chaque genre romanesque
I -Introduction:
Depuis les romans de chevalerie du Moyen Age, le roman n'a cessé de se diversifier, montrant un dynamisme exceptionnel tout au long de son histoire.
Le roman répond au désir d'évasion du lecteur, mais il rencontre également les préoccupations du temps, anticipe sur les mutations de la société, dénonce les conventions sociales en leur opposant les vérités profondes des désirs et des passions. Humour, passion, engagement: la vitalité du roman se manifeste à travers le renouvellement des formes et des situations romanesques, à travers les prises de conscience qu'il suscite chez le lecteur, la quête des valeurs nouvelles qu'il lui propose.
La diversité des genres romanesques témoigne de cette formidable énergie du roman.
II- Le roman d'analyse:
Le roman d'analyse se consacre à explorer les sentiments de personnages souvent partagés entre l'amour et la vertu, le désir et le renoncement. Dans un décor resserré, le roman d'analyse décrit leurs réactions devant une passion soudaine qui les déborde, un choix de vie difficile. Anxieux, tourmentés, les personnages interprètent les attitudes, les paroles, les regards des autres; ils s'analysent eux-mêmes, avec exigence, avec lucidité.
Écrit dans un style sobre et dépouillé, le roman d'analyse s'illustre au XVIIe siècle avec La Princesse de Clèves de Mme de La Fayette, dans un siècle qui aime l'étude des caractères (Pensez aux Caractères de La Bruyère à la même époque). On le retrouve à l'époque romantique, mais aussi au XXe siècle avec, par exemple, La Porte étroite d'André Gide.
II- Le roman par lettres:
Les personnages rapportent leurs découvertes, confient leurs émotions, entretiennent le dialogue avec un être cher. Si la lettre est l'occasion de rapporter directement un témoignage, d'exprimer un sentiment, elle est aussi moyen de séduction, conquête du destinataire. Dans le roman par lettres, l'échange des lettres multiplie les points de vue, fait avancer l'action. Lettres secrètes, perdues, interceptées: les intrigues se croisent, le roman progresse à travers le jeu subtil des correspondances.
Le roman par lettres connaît son plein essor au XVIIIe siècle qui privilégie l'échange des idées et des sentiments. Ironie philosophique, exaltation des passions amoureuses, stratégies du libertinage, le roman épistolaire donne ses chefs-d'œuvre: les Lettres persanes de Montesquieu, La Nouvelle Héloïse de Rousseau, Les Liaisons dangereuses de Laclos.
III- Le roman autobiographique:
Il ne faut pas confondre le roman autobiographique avec l’autobiographie d'un écrivain qui fait le récit de sa propre vie. Le roman autobiographique met en scène un personnage fictif qui, arrivé au terme de son existence, raconte son histoire au lecteur à la première personne. Avec ses succès, ses échecs, le héros traverse les milieux les plus divers, tandis que l'écrivain joue du regard que le narrateur vieillissant porte sur le jeune homme - enthousiaste, amoureux - qu'il a été.
Dans la première partie du XVIIIe siècle se multiplient les romans autobiographiques: Gil Blas de Santillane de Lesage, Le Paysan parvenu de Marivaux. Au XIXe, Chateaubriand, le romantique, le reprend dans son roman René, Balzac dans Le Lys dans la vallée et au XXe, Proust dans La recherche du temps perdu. Nombreux sont les écrivains qui aujourd'hui rapportent ainsi l'itinéraire social, sentimental de leur héros
IV- Le roman historique:
Faire revivre le passé, recréer l'atmosphère d'une époque disparue: le romancier offre alors au lecteur un univers romanesque ancré dans l'Histoire. Les personnages fictifs croisent des personnages historiques, évoluent dans un cadre minutieusement reconstitué. Le pittoresque des lieux, des objets, le charme du dépaysement s'ajoutent à l'évocation des conflits politiques et militaires, des structures sociales, des confrontations idéologiques qui ont animé une époque.
Si dès le XVIIe siècle les lecteurs apprécient les romans historiques, comme ceux de Mme de Lafayette, c'est au XIXe siècle que le genre triomphe: le siècle du Progrès se penche sur son Histoire. Les musées se multiplient; le mouvement romantique redécouvre l'Antiquité et le Moyen Age. Des écrivains prestigieux, Hugo, Dumas, Barbey d'Aurevilly, Alfred de Vigny, des romanciers populaires comme Paul Feval illustrent ainsi le roman historique.
V- Le roman réaliste:
L'écrivain réaliste construit son récit, présente ses personnages de manière à donner au lecteur l'impression de la réalité. Les lieux de l’action appartiennent au monde réel; les personnages traversent des situations empruntées à la vie quotidienne.
Aux XVIe et XVIIe siècles, le roman réaliste, proche de la farce satirique et burlesque, donne une grande place au corps. Il montre au XVIIIe siècle le rôle de l'argent dans la société, pensez à Manon Lescaut de l’abbé Prévost. Au XIXe siècle, Balzac, Flaubert, Maupassant, Zola, les frères Goncourt démontent les mécanismes sociaux qui écrasent les individus, soulignent l'influence du milieu et de l'hérédité, font place — parfois dans de vastes fresques romanesques — ceux qui sont exclus: le peuple, les pauvres, les prostituées.
Les romanciers du XXe siècle poursuivront l'héritage des écrivains réalistes et naturalistes: représenter la réalité et « fouiller le vrai ».
VI- Le roman d'aventures:
Le roman d'aventures projette le lecteur dans un univers différent du sien. Il provoque le dépaysement à travers la diversité, la singularité des lieux ou entraîne l’action. Les rebondissements sont nombreux, les obstacles rencontrés obligent le héros à faire preuve d'audace et de courage, de ruse et de force.
Dans le roman de chevalerie, le héros part en quête de « l'aventure » pour montrer sa bravoure afin de conquérir le cœur de la dame aimée ou au service de Dieu dans la quête du Graal. Au XIXe siècle, Jules Verne intègre la science, associant l'exploration trépidante de la terre avec le développement des découvertes techniques. Au XXe siècle, Malraux et Saint-Exupéry renouvellent le roman d'aventures: refusant les médiocrités, les conventions sociales, l'aventurier s'engage dans un dépassement de soi. L’action est pour lui un défi qui donne un sens au monde. Tels sont les héros des Conquérants ou de Vol de nuit.
VII- Le roman policier:
L'usage de l'esprit scientifique, du raisonnement logique stimulé par la découverte d'un crime fait le plaisir du roman policier. À la société civilisée qui veut bannir toute violence, effacer tout désordre, le crime lance un défi. Un vol, une disparition, une mort brutale conduisent le héros à trouver des indices et des mobiles, interroger les suspects, résoudre l'énigme. Au terme de son enquête, la violence a été déchiffrée, l'ordre restauré... Le roman policier évolue du plaisir intellectuel d'identifier le coupable à l'exploration de l'univers glauque des mégapoles modernes: du roman à énigme au roman noir. C'est que les grands détectives, Sherlock Holmes (de C. Doyle), Rouletabille (de G. Leroux), Hercule Poirot (d'A. Christie), Maigret (de G. Simenon) ou Philip Marlowe (de R. Chandler), ne traquent pas tel ou tel criminel, mais le Mystère lui-même. À travers le brouillard, l'épaisseur d'un milieu, dans l'ombre où s'agitent les pulsions refoulées du monde moderne.